Le gouvernement syrien a accusé des groupes terroristes d’avoir mené une attaque chimique dans la ville d’Alep, un drame qui a provoqué une centaine de cas de suffocation et entraîné des raids de représailles dimanche de l’allié russe.
Une importante coalition rebelle a démenti toute implication dans l’attaque samedi soir contre cette métropole du nord aux mains du gouvernement, les autorités syriennes et leur allié russe évoquant un possible recours au «chlore».
En effet, les autorités syriennes ont accusé samedi des «groupes terroristes» d’avoir visé Alep.
Selon un photographe de l’AFP, des dizaines de personnes, dont des femmes et des enfants, ont afflué la nuit vers un hôpital d’Alep, certains allongés sur les brancards du Croissant-rouge, ou alors portés par des proches. Les blessés semblaient pris de vertige et avaient du mal à respirer, et ont été soignés à l’aide de masques à oxygène, qu’ils ont gardés pendant une quinzaine de minutes.
L’agence officielle Sana a fait état de «107 cas de suffocation». L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG proche de l’opposition et basée à Londres, a fait état de 94 cas de suffocation, dont la majorité ont quitté l’hôpital. Le chef de la police d’Alep, cité par Sana, a accusé les groupes terroristes d’avoir utilisé «des roquettes contenant des gaz toxiques». A Moscou, le ministère de la Défense russe a évoqué des «explosifs contenant apparemment du chlore».
En représailles, «des frappes ont été menées par des avions de l’armée russe» contre des positions de terroristes, selon le ministère de la Défense russe. «Toutes les cibles ont été détruites».
Ces raids, les premiers en plus de deux mois, ont visé des territoires contrôlés par les terroristes et les rebelles près de la ville d’Alep, selon l’OSDH.
Ils interviennent malgré un accord dévoilé en septembre par la Russie et la Turquie, parrain traditionnel des rebelles, visant à mettre en place une trêve et à créer une «zone démilitarisée» qui doit séparer les territoires insurgés des régions gouvernementales dans les provinces voisines d’Alep et d’Idleb (nord-ouest). Depuis fin 2016, Alep est sous contrôle du régime. Mais des secteurs à la périphérie ouest de la ville sont tenus par des groupes rebelles et terroristes.
Rebelles et terroristes contrôlent en grande partie la province d’Idleb, ultime territoire qui échappe au contrôle du gouvernement.
Le Front national de libération, l’alliance rebelle la plus importante présente dans les provinces d’Alep et d’Idleb, a démenti toute implication dans l’attaque.
«Nous démentons les allégations mensongères du régime sur une attaque contre Alep qui aurait été menée par les révolutionnaires (…) à l’aide de projectiles contenant du gaz de chlore», a indiqué dans un communiqué le porte-parole de la coalition Naji Moustapha.
Toutefois, les groupes terroristes présents dans le secteur, dont l’organisation Hayat Tahrir al-Cham et le groupuscule Houras al-Din, liés à Al-Qaïda, n’ont pas réagi.
De son côté, le négociateur en chef de l’opposition syrienne en exil, Nasr al-Hariri, a accusé le régime Assad de fabriquer «un prétexte afin de lancer une opération militaire dans le nord syrien». Car Idleb a échappé de justesse à une offensive du régime, grâce à l’accord pour une «zone démilitarisée».
Cette zone démilitarisée devait être mise en place en octobre après un retrait du secteur des terroristes qui, au final, sont restés sur place. Des escarmouches y opposent régulièrement armée aux rebelles et terroristes.