Les forces du régime syrien, soutenues par l’aviation russe, ont franchi, lundi, le fleuve de l’Euphrate selon Moscou, une avancée qui doit leur permettre d’assiéger totalement le groupe Etat islamique (EI) à Deir Ezzor, ville de l’est du pays.
Le régime prend ainsi pied sur la rive Est de ce grand fleuve où des forces soutenues par les Etats-Unis mènent une offensive distincte contre les djihadistes. «Les forces gouvernementales syriennes, (…) avec le soutien de l’aviation russe, ont franchi l’Euphrate dans la région de Deir Ezzor», a annoncé, lundi, le ministère russe de la Défense dans un communiqué. Les djihadistes sont encerclés dans la ville de Deir Ezzor du côté nord, ouest et sud. En franchissant l’Euphrate, qui borde la cité du côté Est, l’armée syrienne et ses alliés sont en passe d’assiéger totalement le groupe ultraradical. «Les troupes d’assaut de l’armée syrienne ont délogé les combattants de l’EI de plusieurs villages de la rive orientale de l’Euphrate et poursuivent leur offensive vers l’est, élargissant leur tête de pont», selon le texte.
Les djihadistes peuvent difficilement s’enfuir en franchissant le fleuve car les aviations russe et syrienne prennent pour cible tous ceux qui tentent la traversée, d’après l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). L’OSDH, qui a également rapporté que l’armée avait franchi le fleuve, a précisé que «pour compléter son siège de Deir Ezzor, le régime doit prendre le contrôle» de plusieurs villages situés sur la rive orientale.
En franchissant l’Euphrate, l’armée du régime se rapproche de la zone d’opération des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui mènent une opération séparée avec l’appui de Washington. Les FDS assurent ne pas coordonner leurs opérations avec le régime ou l’allié russe. Mais il existe une «ligne de déconfliction», censée éviter les incidents entre les différents acteurs engagés dans la zone, selon la coalition internationale. Samedi, les FDS ont toutefois accusé l’aviation russe de les avoir bombardées au nord-est de Deir Ezzor, ce qu’a démenti Moscou.
Washington a confirmé les bombardements, tout en précisant que selon les informations obtenues des Russes, ces derniers pourchassaient des djihadistes dans le secteur. Une perte de la province ébranlerait considérablement l’EI, qui ne contrôlerait plus que des poches à Raqa (nord) et dans le centre et le sud syriens, alors que le groupe extrémiste a déjà perdu beaucoup de terrain en Irak voisin. Déclenché en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, le conflit en Syrie a fait plus de 330 000 morts et des millions de déplacés.