Les rebelles syriens, soutenus par les forces turques, ont annoncé mercredi avoir totalement pris la localité syrienne de Jarablus des mains de jihadistes de l’organisation État islamique.
« Jarablus est complètement libérée », a affirmé mercredi 24 août à l’AFP Ahmad Othmane, commandant d’un groupe rebelle qui a pris part à l’offensive éclair menée par des rebelles syriens, soutenus par les forces turques, destinée à s’emparer de cette localité située dans le nord syrien, à la frontière turque, des mains de l’organisation État islamique (EI).
Un porte-parole d’un autre groupe rebelle a, lui, affirmé que les jihadistes s’étaient retirés en direction de la ville d’Al-Bab, au sud-ouest de Jarablus.
L’armée turque, soutenue par les forces de la coalition internationale antijihadiste, a lancé à l’aube sa plus grosse opération militaire en Syrie depuis le début du conflit il y a cinq ans. Outre l’EI, accusé d’avoir mené plusieurs attentats de grande ampleur en Turquie au cours de l’année écoulée, l’intervention turque vise également à empêcher les miliciens kurdes de poursuivre leur progression vers l’Ouest.
Le chef de la diplomatie, Mevlüt Cavusoglu, a sommé les combattants kurdes, qui multiplient les victoires dans le nord de la Syrie, de se replier à l’est de l’Euphrate, faute de quoi la Turquie « fera le nécessaire ».
La Turquie assure vouloir jouer « un rôle plus actif » en Syrie
Les États-Unis ont soutenu l’opération « Bouclier de l’Euphrate » en matière de renseignements, de surveillance et de reconnaissance et avec des conseillers militaires. Ils pourraient aussi fournir un soutien aérien au sol si le besoin s’en faisait sentir, a expliqué un responsable américain, qui voyage avec le vice-président américain Joe Biden, arrivé en Turquie mercredi, pour parler notamment de la résolution de la guerre en Syrie, dans laquelle Ankara a dit vouloir jouer un « rôle plus actif ».
Le président turc Recep Tayyip Erdogan, très ferme, a déclaré que l’offensive avait pour but de « mettre un terme » aux problèmes à la frontière turque et visait non seulement l’EI mais aussi les milices kurdes. « La Turquie ne tolérera aucun fait accompli en Syrie », a-t-il fait savoir.
La Turquie considère l’EI et le PYD (Parti de l’Union démocratique – kurde) comme des organisations terroristes alors que son allié américain soutient, au grand dam d’Ankara, les Kurdes, qui ont fait reculer les jihadistes sur le terrain en Syrie.
Seuls les combattants de l’EI sont présents à Jarablus, mais Ankara craint de voir les Kurdes se rapprocher de sa frontière, d’autant que ces derniers ont progressé vers le nord récemment.
Damas condamne « violation flagante » de son territoire
Après avoir été longtemps accusée de complaisance à l’égard des jihadistes, la Turquie affirme désormais qu’elle a pour objectif d’éradiquer l’EI. Un nouvel attentat, qui porte la marque du groupe jihadiste, a fait samedi 54 tués lors d’un mariage kurde, à Gaziantep (sud-est), près de la frontière.
Mais la Turquie est aussi soucieuse d’empêcher l’avancée des Forces démocratiques syriennes (FDS) de Manbij vers Jarablus. Les FDS sont une alliance de combattants kurdes et de groupes armés arabes luttant contre l’EI. Ankara voit avec anxiété toute tentative des Kurdes de Syrie de créer une unité territoriale autonome le long de sa frontière.
Saleh Muslim, le coprésident du PYD, a vivement dénoncé l’opération sur Twitter : « La Turquie, dans le bourbier syrien, sera vaincue comme Daech. »
La Russie qui soutient militairement Damas s’est dite « profondément préoccupée » par l’opération, s’inquiétant d’une possible aggravation des tensions entre Ankara et les milices kurdes.
La France « a salué l’intensification des efforts de la Turquie » dans « la lutte contre Daech » par la voix d’un porte-parole des Affaires étrangères.
La Syrie a condamné l’opération turque comme une « violation flagante » de son territoire