Les forces gouvernementales syriennes ont bombardé au chlore cette année la Ghouta orientale et la province d’Idlib, ce qui constitue des crimes de guerre, déclare une commission d’enquête des Nations unies dans un rapport publié mercredi. Ces trois attaques chimiques recensées par la Commission d’enquête sur la Syrie portent à 39 le nombre d’attaques chimiques documentées par ce panel depuis 2013, dont 33 ont été attribuées au gouvernement syrien, a déclaré à Reuters un responsable de l’Onu. Les auteurs des six autres attaques n’ont pas été suffisamment identifiés. Utiliser du chlore comme arme est prohibé par la Convention sur les armes chimiques, ratifiée par Damas, et par le droit international humanitaire, rappellent les enquêteurs dans ce nouveau rapport. «Pour reprendre la Ghouta orientale en avril, les forces gouvernementales ont lancé de nombreuses attaques à l’aveugle dans des zones civiles densément peuplées, en utilisant notamment des armes chimiques», peut-on lire dans le rapport, selon lequel deux attaques au chlore ont eu lieu les 22 janvier et 1er février dans un quartier résidentiel de Douma, dans la Ghouta orientale, à l’est de la capitale syrienne.
Des femmes et enfants ont été blessés dans ces attaques, victimes de détresse respiratoire, ajoutent les enquêteurs. «La Commission conclut qu’en ces deux occasions, les forces gouvernementales ou les milices affiliées ont commis des crimes de guerre en utilisant des armes prohibées et en lançant des attaques sans discrimination sur des zones de population civile dans la Ghouta orientale», poursuit le rapport. Une roquette artisanale a été utilisée dans les deux cas, ajoute-t-il : «Les munitions ont été fabriquées à partir d’obus d’artillerie iraniens produits de manière industrielle dont on sait qu’ils ont été fournis aux forces» syriennes. La troisième attaque au chlore, dans la province d’Idlib (nord-ouest), s’est produite le 4 février, selon la Commission. L’OIAC (Organisation pour l’interdiction des armes chimiques) avait déjà fait état de cette attaque en mai dernier, mais sans se prononcer sur son auteur. «Des hélicoptères des forces gouvernementales ont largué au moins deux barils contenant des charges de chlore dans le quartier de Talil à Saraqib», dit-elle, faisant état d’au moins 11 blessés dans ce raid.
Le rapport, qui s’appuie sur 400 interviews, examine également des attaques aériennes et terrestres menées par la Turquie et ses alliés rebelles syriens dans le cadre de l’opération dite «Rameau d’olivier» dans la région syrienne d’Afrin (nord-ouest) en début d’année. Le plus grand hôpital de la ville, un marché et des habitations d’Afrin ont été touchés par les forces turques, déclarent les enquêteurs. «En conduisant des frappes aériennes à partir du 20 janvier, l’armée de l’air turque pourrait avoir échoué à prendre toutes les précautions réalisables avant de lancer certaines attaques, en violation du droit international humanitaire», écrit la Commission, qui dénonce également les arrestations arbitraires pratiquées par ses alliés de l’Armée syrienne libre.