L’OSDH a recensé 322 morts à cause des gaz. Le ministre syrien de l’Information assure que le régime n’a « jamais utilisé d’armes chimiques ».
Quelque 355 patients « présentant des symptômes neurotoxiques » sont morts en Syrie dans des hôpitaux aidés par Médecins sans frontières, où près de 3.600 personnes sont traitées depuis le 21 août, a affirmé samedi 24 août l’ONG dans un communiqué.
« Trois hôpitaux situés dans le gouvernorat de Damas et soutenus par Médecins Sans Frontières ont reçu, en moins de trois heures le mercredi matin 21 août, environ 3.600 patients présentant des symptômes neurotoxiques. 355 d’entre eux sont morts », a écrit MSF.
L’ONG est ainsi la première source indépendante à confirmer l’utilisation d’armes chimiques dans la région de Damas, évoquée depuis plusieurs jours par l’opposition syrienne, qui accuse le régime d’avoir mené une attaque de grande ampleur.
L’opposition a fait état de plus de 1.000 morts, mais une ONG syrienne a comptabilisé 170 morts sans pouvoir confirmer un recours à l’arme chimique
Le régime du président syrien Bachar al-Assad nie en bloc et a accusé samedi les rebelles d’avoir eu recours à des gaz toxiques dans le quartier de Jobar à la périphérie de Damas, pour repousser une offensive de l’armée, ce que l’opposition a démenti.
« Un moral élevé dans l’armée »
Le ministre syrien de l’Information, Omrane al-Zohbi, a affirmé que son régime n’avait « jamais utilisé d’armes chimiques », rejetant ainsi des accusations de l’opposition.
« Nous n’avons jamais utilisé d’armes chimiques en Syrie, sous quelque forme que ce soit, liquide ou gaz », a-t-il déclaré dans un entretien à la télévision al-Mayadine, basée à Beyrouth, dont des extraits ont été diffusés par la télévision syrienne.
« L’armée syrienne n’a pas besoin d’utiliser d’armes chimiques, parce que son moral est élevé et qu’elle réalise des progrès face au terrorisme », a-t-il asssuré.
« L’armée syrienne avance » et « les terroristes sont dans l’embarras », a-t-il ajouté, en utilisant la terminologie officielle pour désigner les rebelles luttant contre le régime de Bachar al-Assad.
Enquête de l’ONU
La communauté internationale multiplie les appels à une enquête de l’ONU. Une responsable onusienne tentait samedi d’obtenir l’autorisation pour que les experts des Nation unies, déjà dans la capitale syrienne, puissent enquêter sur ces allégations.
Les Etats-Unis ont annoncé de leur côté vendredi le déploiement de moyens militaires dans la région permettant de fournir des « options » au président américain Barack Obama s’il ordonnait une intervention en Syrie.
Les équipes de MSF n’ont pas pu se rendre sur place, mais elles sont en contact avec le personnel médical de ces hôpitaux, auquel elles fournissent des médicaments, du matériel médical et un appui technique.
Les symptômes qui nous ont été rapportés, tels que les convulsions, l’hypersalivation, les pupilles contractées, la vision trouble et la détresse respiratoire, le schéma épidémiologique de cet événement – caractérisé par l’afflux massif de patients dans un laps de temps très court, la provenance des patients et la contamination des secouristes et du personnel ayant fourni les premiers soins – suggèrent fortement l’exposition massive à un agent neurotoxique », a souligné Bart Janssens, directeur des opérations à MSF, cité dans le communiqué.
« Ceci constituerait une violation du droit international humanitaire qui interdit formellement l’utilisation d’armes chimiques et biologiques », a-t-il ajouté, sans se prononcer sur les auteurs éventuels de l’attaque.
« Les patients ont été soignés avec de l’atropine, un médicament fourni par MSF et utilisé pour traiter les symptômes neurotoxiques. MSF s’efforce maintenant de reconstituer les stocks épuisés des hôpitaux », a précisé l’ONG.
Déclenchée par une révolte populaire en mars 2011 qui s’est militarisée face à la répression du régime, la guerre en Syrie a fait plus de 100.000 morts, selon l’ONU, et contraint à la fuite des millions de Syriens.
54 enfants morts selon une ONG syrienne
De son côté, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a annoncé avoir recensé plus de 300 morts, dont 54 enfants, tués près de Damas en milieu de semaine par des « gaz toxiques », se basant sur de nouveaux rapports médicaux.
« L’OSDH a recensé 322 morts, dont 54 enfants, 82 femmes et des dizaines de rebelles en plus de 16 corps non identifiés » tués dans une offensive de l’armée mercredi dans des régions près de Damas, a indiqué l’ONG, précisant plus de 300 d’entre eux ont péri par l’exposition à des « gaz toxiques ».
L’ONG basée au Royaume-Uni et qui se base sur un large réseau de militants et de sources médicales civiles et militaires, avait initialement recensé 170 morts dans une attaque du régime sans pouvoir confirmer un recours à des armes chimiques.
L’OSDH a obtenu auprès de médecins « des rapports et témoignages médicaux qui montrent que la plupart des martyrs sont morts après avoir été exposés à des gaz toxiques », a indiqué l’ONG.
Ce nouveau bilan intervient au moment où régime et rebelles s’accusent mutuellement d’avoir eu recours à des armes chimiques.