Syrie : trois attentats avant une médiation

Syrie : trois attentats avant une médiation

Trente personnes sont mortes à Damas et Alep, avant l’arrivée d’experts onusiens.

Alors qu’Alep, la deuxième ville du pays, commence à être gagnée par la contestation, un attentat à la voiture piégée y a détruit dimanche le siège de la sécurité politique, faisant au moins trois morts et de nombreux blessés. La veille, deux autres attaques à la voiture piégée avaient fait 27 morts et 140 blessés à Damas.

L’un des attentats avait visé le quartier général des renseignements de l’armée de l’air, dans le secteur chrétien de Qassaa. «Nous avons eu très peur», nous déclarait peu après un habitant de Qassaa. Pour les autorités, ces attaques sont l’œuvre de «terroristes islamistes». L’opposition syrienne, elle, accuse le régime d’avoir fabriqué une «machination». Fin décembre, deux attentats du même type avaient déjà visé des centres de la sécurité à Damas. Ils avaient été revendiqués quelques semaines plus tard par la branche d’al-Qaida en Irak, une revendication jugée crédible par l’Administration américaine, inquiète depuis de la pénétration djihadiste en Syrie. «Ces attentats surviennent tout de même à un moment un peu particulier», remarque notre interlocuteur chrétien, tandis qu’un autre habitant de la capitale, chrétien lui aussi, jure que ces «attaques de barbus font peur à tous les indécis, qui hésitent entre le régime et son opposition».

Comme en décembre – juste avant l’arrivée d’observateurs arabes en Syrie -, ces opérations coïncident avec l’envoi ce lundi à Damas d’experts mandatés par Kofi Annan pour négocier la mise en place d’une mission d’observation visant à mettre fin aux violences, qui ont fait plus de 9000 morts en un an. Cette mission fait suite au déplacement à Damas la semaine dernière del’ancien secrétaire général de l’ONU, qui était mandaté par les Nations unies et la Ligue arabe pour trouver une sortie de crise auprès de Bachar el-Assad.

Armer l’insurrection

Mais vendredi, Annan a qualifié de «décevantes» les réponses syriennes à ses propositions: arrêt des violences de la part des forces armées, aide humanitaire et amorce d’une solution politique. El-Assad, lui, a répondu qu’un dialogue avec les insurgés ne pouvait être envisagé avant leur désarmement. En coulisses, la Russie cherche à convaincre son allié syrien d’accepter le plan Annan, mais Moscou ne veut pas entendre parler d’une transition sans Bachar, un préalable posé jusqu’à présent par l’opposition et les pays occidentaux. Tandis que sur le terrain, l’offensive du régime contre les rebelles s’est poursuivie dimanche, avec un assaut sur une localité de la province d’Idlib, l’opposition en exil continue à afficher ses divisions. À Istanbul, cinq groupes ont annoncé la formation d’une nouvelle coalition, indépendante du Conseil national syrien, qui ambitionne de regrouper la plupart des courants de cette opposition. De son côté, un diplomate arabe a confié à l’AFP que l’Arabie saoudite armait les rebelles, via la Jordanie, ce qui a été démenti par Amman. Riyad et le Qatar ont publiquement réclamé que des armes soient fournies aux activistes, une initiative qui fait maintenant quasi l’unanimité contre elle, parmi les pays Occidentaux.