Système éducatif : les 7 problèmes qui minent l’école algérienne (Cour des comptes 2024)

Système éducatif : les 7 problèmes qui minent l’école algérienne (Cour des comptes 2024)

L’école algérienne, bien qu’au cœur des priorités de l’État, reste parmi les systèmes éducatifs les moins performants au monde.  Avec des chiffres alarmants, le constat est sans appel : « Le rendement du système scolaire algérien est considéré comme l’un des plus bas au monde ». Lit-on dans le rapport de la Cour des comptes de 2024.

Malgré les réformes ambitieuses entamées depuis 2003 et les moyens financiers considérables qui lui sont alloués, le système éducatif algérien reste englué dans des dysfonctionnements majeurs.

Le manque de professionnalisation des enseignants, les faiblesses dans le management pédagogique et administratif, ainsi que l’inefficacité des réformes des programmes scolaires sont autant de lacunes qui expliquent ce bilan.

Dans cet article, nous examinons les principaux problèmes qui fragilisent le système éducatif algérien, tels qu’identifiés par la Cour des comptes dans son rapport de l’année 2024.

1- Gestion des ressources éducatives : un défi majeur pour le système éducatif algérien

Le rapport de la Cour des comptes 2024 met en lumière que, malgré des montants considérables destinés à la réalisation d’infrastructures scolaires, ces investissements ne se traduisent pas par une amélioration significative de la qualité de l’enseignement.

Selon son analyse, Cette disparité est en grande partie due à l‘absence de stratégie et de gestion claire. Soulignant que le suivi des réformes est insuffisant, et que ces dernières sont « incomplètes ou mal appliquées ». Faute de mécanismes de contrôle adaptés qui laissent l’école algérienne dans une situation de stagnation.

2- Programmes scolaires inadaptés et lacunes dans l’approche pédagogique

L’analyse de la Cour des comptes 2024 a également soulevé les difficultés du système éducatif algérien à répondre aux attentes en termes de qualité. Bien que réformés depuis 2003, les programmes scolaires restent inadaptés aux besoins actuels, avec des lacunes pédagogiques persistantes, notamment :

  • Focus sur la mémorisation : l’enseignement algérien favorise l’apprentissage par cœur plutôt que l’analyse et la résolution de problèmes ;
  • Manque d’évaluation des compétences : lors des examens, l’accent est mis sur la restitution des contenus au lieu d’évaluer les compétences fondamentales ;

3- Programmes surchargés et temps scolaire réduit : un déséquilibre qui freine l’apprentissage

Le rapport de la Cour des comptes a mis en évidence un autre facteur majeur contribuant à la faiblesse du système éducatif algérien. Le temps et les volumes scolaires insuffisants, combinés à des programmes déjà surchargés. Entravent la capacité des élèves à acquérir et maitriser les compétences fondamentales.

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En effet, la durée annuelle de l’enseignement primaire en Algérie atteint à peine 32 semaines. Bien en dessous des moyennes mondiales (36 semaines) et européennes (38 semaines). De plus, le volume horaire des matières essentielles, comme les mathématiques, reste largement insuffisant. Comparé aux pays voisins comme la Tunisie (960 heures contre 720 heures en Algérie).

4- Écarts de réussite scolaire : impact du préscolaire et des cours particuliers

Les inégalités entre élèves constituent un problème majeur pour le système éducatif algérien. L’accès à une éducation de qualité varie fortement selon les régions, créant ainsi une école à « deux vitesses ».

En effet, les élèves entrants en première année primaire ne partent pas tous sur un pied d’égalité, car l’accès au préscolaire n’a toujours pas été généralisé dans le pays (taux de couverture national de seulement 59% en 2020).

Par ailleurs, ces disparités sont exacerbées par la généralisation des cours particuliers, notamment en terminale. Les chiffres dévoilent que 66 % des élèves en terminale recourent aux cours de soutien.

5- Désintérêt croissant pour l’école publique en Algérie

Un autre phénomène croissant a été constaté en Algérie concerne les écoles privées. En effet, les familles algériennes manifestent un désintérêt grandissant pour le système éducatif national.

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Cette perte de confiance envers l’école publique renforce la marginalisation des élèves issus des classes populaires, incapables de financer des cours complémentaires. Cela dit, l’école publique, perçue comme inadaptée et inefficace, semble perdre son rôle de moteur de l’égalité des chances.

6- Faiblesses des acquis fondamentaux en mathématiques, sciences et langues

En parallèle, les élèves rencontrent des lacunes dans plusieurs matières fondamentales telles que les mathématiques et les langues étrangères. Parmi les difficultés les plus récurrentes figurent :

  • En mathématiques et en sciences, la résolution de problèmes reste inaccessible à une grande majorité des élèves ;
  • En langue française, les élèves ont des difficultés à organiser et exprimer clairement leurs idées ;
  • En langue arabe, les productions écrites manquent souvent de structure et de vocabulaire adéquat ;

De plus, en production écrite, les lacunes sont visibles tant en arabe qu’en français, avec des erreurs fréquentes de syntaxe, de grammaire et d’orthographe.

7- Sous-développement des filières scientifiques et technologiques

Le sous-développement des filières scientifiques et technologiques fait également partie des failles du système éducatif algérien. Malgré des besoins croissants dans ces domaines, ces filières souffrent d’une faible attractivité, comme le démontrent les chiffres suivants :

  • En terminale, seulement 3,46 % des élèves choisissent la filière mathématiques, tandis que 11,13 % optent pour les mathématiques techniques ;
  • L’enseignement technologique reste limité à 15,80 %, loin des normes internationales (30 %) ;

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En somme, selon le rapport de la Cour des comptes 2024, l’école algérienne est confrontée à de nombreux défis. Une refonte pédagogique est donc indispensable pour moderniser les méthodes d’enseignement et introduire des pratiques davantage centrées sur l’élève. Le plan stratégique entre 2015 et 2030 mis en œuvre par les autorités nécessite une accélération. Ainsi qu’un suivi rigoureux pour atteindre les objectifs fixés.