Le nouveau patron du renseignement, Athmane Tartag dit Bachir, a fait sa première apparition publique devant les caméras, rompant ainsi avec la méthode de son prédécesseur Mohamed Mediene dit « Toufik » qui est resté pendant 25 ans dans l’ombre, cultivant le mystère autour de sa personne.
Le général Tartag, directeur du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) a fait son apparition publique lors de l’ouverture hier à l’hôtel Aurassi des travaux de la réunion des directeurs et inspecteurs généraux de la police africaine, Afripol, aux côtés du directeur général de la Sûreté nationale Abdelghani Hamel, et également d’autres cadres dont le directeur de la Protection civile.
La réunion d’Alger a pour objectif principal d’entériner les textes juridiques relatifs au lancement du mécanisme de coopération policière africaine (Afripol).
Le nouveau patron du DRS s’est laissé photographier et filmer par les médias ayant couvert l’événement tout en restant imperturbable, mettant fin au style d’anonymat entretenu par le général Toufik, dont les assistants veillaient à ce qu’il ne soit pas pris en photo lors des cérémonies officielles auxquelles il assistait.
Souvent des pellicules ont été saisies par les agents du DRS lorsqu’ils soupçonnaient des photographes d’avoir pris des photos de Toufik, notamment lorsque des photographes ou cameramen prenaient des prises dans lesquelles il figurait sans savoir que c’était lui. Tartag ouvre ainsi une nouvelle manière de la gestion publique du DRS.
L’Algérie imite ainsi la doctrine adoptée notamment aux Etats-Unis, en Iran, en Arabie Saoudite et en Angleterre qui consiste à ne plus cacher l’identité des chefs des services secrets, contrairement aux Russes (ex-URSS) et aux Français.
Formé à l’école des services secrets russes, le KGB, le général Toufik a fait de la doctrine russe sa méthode rendue probablement nécessaire lors des années de terrorisme.
Ainsi un tabou est enfin brisé sur l’identité du patron des renseignements en Algérie qui faisait de Toufik un mystère, laissant la porte ouverte à toutes sortes de spéculations, notamment sur son apparence physique.
Les médias éprouvaient toutes les peines du monde à illustrer les articles qui citaient le général Toufik. Beaucoup de fausses photos avaient été attribuées à Toufik.
Pour rappel, le chef de l’Etat avait nommé Athmane Tartag chef du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le 13 septembre dernier en remplacement du général de corps d’armée Mohamed Mediene, admis à la retraite. Tartag occupait, jusqu’à cette date, le poste de conseiller auprès du président de la République pour les questions liées à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme.
Il était aussi chargé de gérer le transfert à la présidence de la République d’une partie des missions confiées au DRS et surtout mettre fin à la présence des colonels du DRS détachés auprès des ministères. Auparavant, il avait assumé plusieurs hautes responsabilités au sein du DRS. Ex-numéro deux du DRS, en charge de la sécurité intérieure, le général Tartag a été mis à la retraite il y a près de deux ans dans le cadre de la restructuration du département.
Il a été remplacé par le général Bendaoud. Sa mise à la retraite a été demandée par le général Toufik avec lequel il entretenait des relations difficiles. Tartag est originaire de l’est du pays. Il a grandi à Constantine où il a fait des études en géographie avant de rejoindre la Sécurité militaire (SM ancêtre du DRS) au début des années 1970. Il dirige pendant plusieurs années le Centre d’investigation militaire, qui enquête surtout sur les affaires de terrorisme.