Le style Tartag semble emprunter beaucoup aux Américains dont les patrons des services de renseignement, la CIA notamment, ont toujours été des hommes publics, pour ne pas dire des civils.
À l’inverse de son prédécesseur dans le poste, le général de corps d’armée Mohamed Mediène, dit Toufik, qui a cultivé le culte du secret jusqu’à faire de sa personne quasiment un mythe, le nouveau patron du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le général-major Athmane Tartag, dit Bachir, apparaît en public et se laisse, volontiers, filmer et prendre en photo.
Un style en totale rupture avec une attitude faite sienne par le général Toufik tout au long de son quart de siècle de règne ? ça en a tout l’air, vu que le général-major Athmane Tartag a signé une première apparition publique à la première occasion offerte. C’était, hier, à l’occasion de l’ouverture, à l’hôtel El-Aurassi, à Alger, de la réunion de l’Afripol. Assis au premier rang, réservé aux invités d’honneur et aux VIP, à côté du directeur général de la Protection civile, le colonel Mustapha Lahbiri, il n’a pas cherché à se soustraire aux objectifs des appareils photo et caméras qui ont zoomé sur sa personne. Il était d’un naturel que n’a trahi aucun tic nerveux. Il ne lui manquait que de sourire aux photographes qui le bombardaient de leurs flashs.
En se rendant accessible aux médias (du moins, se laisser photographier et filmer), le nouveau patron du DRS entend certainement délivrer un message : il est l’anti-Toufik, du moins par le style. L’image qu’il donne de lui, en s’affichant à la réunion d’Afripol, est celle d’un responsable qui garde les allures d’un civil quand bien même il officierait en tant que chef du très sensible Département des services de renseignement.
Une image aux antipodes de celle entretenue par son prédécesseur. Le style Tartag semble emprunter beaucoup aux Américains dont les patrons des services de renseignement, la CIA, notamment, ont toujours été des hommes publics, pour ne pas dire des civils. Dans la stratégie de communication que le général Tartag semble ainsi avoir arrêtée apparaît, en filigrane, l’idée de l’État civil chère au secrétaire général du FLN, Amar Saâdani qui n’a eu de cesse de soutenir, dans ses nombreuses sorties médiatiques, que la restructuration du DRS participait d’une volonté de consacrer l’État civil. Nommé chef du DRS, alors que, officier à la retraite, il officiait en tant que conseiller auprès du président de la République, donc en tant que civil, le général Tartag pourrait bien travailler cette image d’un civil à la tête d’un service de renseignement. Cela étant, la sortie du général Tartag intervient au moment où, même admis à la retraite, son prédécesseur à la tête du DRS continue à se tenir loin des feux de la rampe. Lorsqu’il s’est rendu à lapublication d’une lettre pour prendre la défense du général Hassan jugé et condamné à 5 ans de prison par le tribunal militaire d’Oran, le général Toufik a pris le soin de préciser qu’il commettait “une intrusion médiatique”.
D’ailleurs, il a aussitôt replongé dans son silence, alors que sa missive a soulevé une salve de réactions hostiles, notamment à travers des tribunes médiatiques. Des tribunes qui, toutes, poursuivent de le démythifier, sinon carrément l’accabler de reproches sur sa gestion du DRS. Des attaques, certaines assez fortes, auxquelles, lui, ne semble pas près de réagir, car, peut-être, il n’est pas dans son style d’entretenir des querelles publiques.
S.A.I.