Tayeb Zitouni à Oran :“Le rapatriement des crânes des résistants, un problème de législation”

Tayeb Zitouni à Oran :“Le rapatriement des crânes des résistants, un problème de législation”

Dans une allocution prononcée en ouverture du séminaire du CRASC, le ministre des Moudjahidine a, une nouvelle fois, appelé les acteurs de la révolution nationale à apporter leurs témoignages et raconter leur vécu afin de préserver la mémoire pour les générations futures.

L’État algérien continue de réclamer la restitution des crânes des résistants algériens conservés au Musée de l’Homme, en France. C’est ce que le ministre Tayeb Zitouni a réitéré, avant-hier à Oran, en marge d’un séminaire sur la Guerre de libération dans la 5e région historique, organisé par le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) : “En collaboration avec notre ministère des Affaires étrangères, nous travaillons à la récupération de ces restes pour leur donner une sépulture digne. Des rencontres et des réunions de travail se tiennent régulièrement dans ce sens”, a-t-il affirmé en précisant que des contacts sont établis avec les officiels de l’État français et les responsables du Musée de l’Homme.

Le problème qui se pose, selon le ministre, est que ces crânes, comme tous les restes des martyres algériens, ont été inscrits dans le patrimoine culturel français. “Il faudra, donc, que les Français apportent des changements en termes de législation sur le patrimoine culturel”, a-t-il expliqué en rassurant, toutefois, sur sa conviction que les restes mortuaires algériens retrouveront tôt ou tard leur patrie. Il est utile de rappeler ici que l’appel à la restitution des restes mortuaires, dont les crânes, conservés par le Musée de l’Homme à Paris, a été lancé par l’archéologue et historien algérien Ali Farid Belkadi en 2011, une année après le vote du Parlement français d’une loi imposant la restitution à la Nouvelle-Zélande de toutes les têtes maories détenues en France. La revendication a été reprise en mai dernier par un autre universitaire algérien, Brahim Senouci, qui a lancé une pétition réclamant le rapatriement des précieux crânes. Convaincus de la légitimité de la requête, un collectif d’intellectuels français a publié une Tribune dans le journal Le Monde, intitulée “Les crânes de résistants algériens n’ont rien à faire au Musée de l’Homme, dans laquelle ils exhortent les autorités françaises à réserver une réponse favorable : “Soutenir les appels de citoyens algériens à rapatrier ces dépouilles dans leur pays pour leur donner une sépulture digne comme cela fut fait pour les rebelles maori ou le résistant kanak Ataï et ses compagnons (en 2014), ne revient aucunement pour nous à céder à un quelconque tropisme de ‘repentance’ ou d’une supposée ‘guerre des mémoires’, ce qui n’aurait strictement aucun sens. Il s’agit seulement de contribuer à sortir de l’oubli l’une des pages sombres de l’histoire de France, celles dont l’effacement participe aujourd’hui aux dérives xénophobes qui gangrènent la société française”, peut-on lire dans la contribution signée par des historiens reconnus comme Benjamin Stora, René Gallissot ou encore Mohamed Harbi.

Dans une allocution prononcée en ouverture du séminaire du CRASC, le ministre des Moudjahidine a, une nouvelle fois, appelé les acteurs de la révolution nationale à apporter leurs témoignages et raconter leur vécu afin de préserver la mémoire pour les générations futures.

Tayeb Zitouni s’est, par la suite, rendu dans la localité de Sidi Ghalem, près de Tafraoui, pour s’incliner à la mémoire des martyrs de la Révolution à l’occasion du 60e anniversaire de la bataille éponyme (18 au 20 juillet 1956) au cours de laquelle 15 Algériens seraient tombés au champ d’honneur. Selon les experts qui ont travaillé sur ce fragment de l’histoire, les troupes françaises ont enregistré de lourdes pertes humaines et matérielles, ce qui fait de la bataille de Sidi Ghalem l’une des plus importantes de l’histoire de la 5e région.