Les résultats provisoires des élections présidentielles du 7 septembre 2024, censées être un tournant décisif pour l’avenir politique de l’Algérie, ont suscité une vague de contestations. Les trois principaux candidats, Abdelmadjid Tebboune, Youssef Aouchiche, et Hassani Chérif Abdelali, ont vivement critiqué les chiffres annoncés par l’Autorité Nationale Indépendante des Élections (ANIE), dirigée par Mohamed Charfi.
Dans un communiqué commun, les directions de campagne des trois candidats ont exprimé leur mécontentement face à des résultats qu’ils jugent « opaques » et « contradictoires ».
Des chiffres ambigus et incohérents
Youssef Aouchiche, représentant du Front des Forces Socialistes (FFS), Abdelmadjid Tebboune, candidat indépendant, et Hassani Chérif Abdelali du Mouvement pour la Société de la Paix (MSP) ont dénoncé l’absence de transparence dans les chiffres annoncés.
La principale critique porte sur le taux de participation et les incohérences entre les résultats publiés et les procès-verbaux des comités électoraux locaux et régionaux.
Le communiqué conjoint des trois directions de campagne met en lumière quatre dysfonctionnements majeurs :
- L’opacité des chiffres de la participation, qui ne correspondraient pas aux relevés des bureaux de vote.
- La contradiction entre les chiffres annoncés par Mohamed Charfi et les procès-verbaux de dépouillement, transmis par les comités locaux.
- Le manque de clarté dans la proclamation des résultats provisoires, omettant des données essentielles telles que le nombre total de votants et le nombre de bulletins annulés.
- Les écarts inexplicables dans les scores des candidats, ce qui a renforcé le sentiment de méfiance parmi les partis.
La victoire écrasante de Tebboune contestée
Selon les résultats provisoires, Abdelmadjid Tebboune a remporté l’élection avec un score écrasant de 94,65 % des voix, soit 5,3 millions de suffrages. Hassani Chérif Abdelali arrive en deuxième position avec 3,17 % des voix, suivi de Youssef Aouchiche, qui obtient 2,16 %. Cependant, cette victoire massive est loin de convaincre ses adversaires.
Les équipes de campagne de Hassani et d’Aouchiche ont immédiatement dénoncé les résultats comme étant « falsifiés« , estimant que les taux de participation et les chiffres finaux ne correspondent pas aux données en leur possession.
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L’ANIE sous le feu des critiques
Face à ces accusations, l’ANIE a publié un communiqué en réponse aux critiques, affirmant que les résultats finaux seront transmis à la Cour constitutionnelle une fois la compilation des votes terminée. L’institution a insisté sur la transparence de ses actions, rappelant que le processus électoral s’est déroulé dans des conditions optimales, et qu’elle s’engage à publier l’intégralité des résultats une fois validés.
Cette élection, au lieu de renforcer la stabilité politique, semble avoir exacerbé les tensions entre les différentes forces en présence. Les accusations d’incohérences risquent de marquer durablement l’opinion publique et de remettre en question la légitimité de ce scrutin.
Alors que l’Algérie traverse une période de transition politique sensible, le manque de transparence perçu autour de cette élection pourrait engendrer de nouvelles fractures dans le paysage politique.
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