« Tebboune, ne te rends pas en Irak », le hashtag qui enflamme les réseaux sociaux

« Tebboune, ne te rends pas en Irak », le hashtag qui enflamme les réseaux sociaux

Nombreux sont ceux qui prient le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, de ne pas aller en Irak pour assister au Sommet arabe qui se tiendra à Bagdad. Les Algériens gardent un mauvais souvenir sur le voyage des figures diplomatiques en Irak par le passé ainsi que la situation géopolitique actuelle au Moyen-Orient.

La capitale irakienne Bagdad va abriter le Sommet arabe la mi-mai prochain. Sans surprise, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a reçu une invitation pour y assister.

Depuis, Le mot-dièse #تبون_لا_تذهب_إلى_العراق (Tebboune, ne va te rends pas en Irak) s’est hissé en tête des tendances sur les plateformes sociales en Algérie depuis lundi soir. Ce hashtag devenu viral illustre une inquiétude partagée par de nombreux Algériens, qui craignent pour la sécurité de leur chef d’État dans un contexte géopolitique particulièrement tendu au Moyen-Orient.

Si la visite devait se concrétiser, elle constituerait la première d’un président algérien en Irak depuis celle du défunt président Houari Boumediene à la fin des années 1970.

Des internautes prient Tebboune de ne pas se rendre en Irak, pourquoi ?

Si les internautes ont lancé ledit hashtag, c’est pour deux principales raisons. La première, c’est à cause de deux épisodes marquants et tragiques de l’histoire diplomatique algérienne liés à l’Irak.

D’abord, la mort suspecte du président Houari Boumédiène après une visite en 1978, longtemps soupçonnée d’être la conséquence d’un empoisonnement, bien qu’aucune preuve n’ait confirmé cette hypothèse. Aussi, l’assassinat du ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Seddik Benyahia, en 1982, dont l’avion fut abattu alors qu’il tentait une mission de médiation entre l’Irak et l’Iran.

Ces événements, bien que lointains, restent profondément ancrés dans la mémoire collective algérienne et nourrissent aujourd’hui une réticence instinctive à l’idée de revivre des drames similaires.

La deuxième, c’est tout simplement à cause de la situation géopolitique actuelle au Moyen-Orient ajoute une couche supplémentaire de dangerosité. En effet, l’offensive militaire israélienne continue à Gaza, les tensions croissantes entre l’Iran et les États-Unis, les conflits internes dans plusieurs pays arabes comme la Syrie ou le Liban, ou encore, que la présence militaire et des services de renseignement étrangers sur le sol irakien, font de l’Irak une zone qualifiée de « grise », selon certains internautes.

Une citoyenne algérienne s’est même adressée au président Tebboune dans une vidéo émotive largement partagée, le suppliant de ne pas mettre sa vie en danger inutilement.

Un internaute a résumé cette inquiétude en ces termes : « L’Irak n’est pas une terre totalement souveraine. C’est un champ de bataille souterrain pour les services de renseignements du monde entier, de Washington à Téhéran, de Tel Aviv à Ankara. Chacun a ses yeux et ses armes pointées là-bas. »

Une invitation diplomatique difficile à refuser

Pourtant, le président irakien Abdel Latif Rachid, qui a officiellement invité son homologue algérien pour assister au Sommet arab, n’est pas un inconnu des Algériens. Il avait notamment participé au Sommet de la Ligue arabe à Alger en 2022. Il a également marqué sa présence au Sommet du gaz tenu en mars 2024 dans la capitale algérienne.

Mieux, l’Irak jouit d’ailleurs d’une affection particulière en Algérie, souvent considéré comme l’un des pays arabes les plus proches du cœur du peuple algérien, après la Palestine.

Ce qui rend la demande d’annulation d’autant plus délicate est donc le risque de froisser une nation amie. Cependant, pour la majorité de ceux qui soutiennent la campagne, il ne s’agit pas d’un rejet du peuple ou de l’État irakien, mais d’un acte de prudence. Le message est clair : la vie et la sécurité du président algérien sont au-dessus de toute considération diplomatique, aussi noble soit-elle.