Djezzy n’est plus l’opérateur télécoms dominant, déclaré en tant que tel en février 2007 par décision de l’Autorité de régulation. C’est la même institution, qui, par la même voie réglementaire, a arrêté que « la décision n° 06/SP/PC/ARPT/2007 du 6 février 2007 déclarant l’opérateur Optimum Télécom Algérie [Orascom Télécom Algérie à l’époque] en position dominante sur le marché du service de la téléphonie mobile au public de type GSM est abrogée ».
Cette décision, rendue publique dimanche dernier, est motivée par « les conclusions de l’étude de marché initiée par l’Autorité de régulation portant sur l’analyse de la situation concurrentielle dans le marché de la téléphonie mobile de norme GSM, d’où il ressort […] que les conditions qui ont présidé à l’application d’une régulation ex ante à l’opérateur Optimum Télécom Algérie, au regard notamment des obstacles au développement de la concurrence effective, ne sont plus réunies ».
Une décision prévisible et attendue par les acteurs d’un marché qui a beaucoup changé depuis décembre 2013… date du lancement de la 3G. Dans les faits, la tendance de consommation du marché télécoms n’est plus caractérisée par la voix, mais par la data, et est en train de devenir un véritable relais de croissance pour les opérateurs du marché. Plus prosaïquement, le segment de la voix n’est plus la « chasse gardée » de Djezzy, perdant de fait toute latitude de dicter ses « lois tarifaires ».
Lorsque l’ARPT avait dressé le constat d’opérateur dominant de Djezzy, l’écart de prix, entre 4,0 DA HT/min et 8,3 DA HT/min, supérieur à l’écart de coûts (1,7 DA HT/min), faisait que les prix des communications pratiqués par OTA étaient discriminatoires et anticoncurrentiels. Techniquement, la position dominante d’OTA a été constatée quand « ses offres ne pouvaient être répliquées par Mobilis ou Ooredoo dès lors qu’elle ne génère pas de ciseau tarifaire, qui est avéré lorsque l’écart (nommé « espace économique ») entre le prix de détail d’un opérateur A en position dominante et son prix de gros est trop faible pour qu’un opérateur B concurrent supposé efficace puisse concurrencer l’opérateur A sur son offre de détail.
Les coûts de l’opérateur B correspondant aux coûts de fourniture du service ! L’ARPT expliquait qu’OTA apparaissait [à fin 2006, NDLR] comme ultra dominant avec une part de marché de 78%, à comparer aux 15% de ATM et aux 8% de WTA. Le marché de la téléphonie mobile se caractérise donc par une structure fondamentalement déséquilibrée. Par ailleurs, la part des minutes intra réseau ou « on-net » dans le total des minutes nationales sortantes d’OTA s’est accrue considérablement au cours de la même période, ce qui a pour conséquence d’assécher le trafic à destination des deux autres opérateurs.
A la fin 2006, 87% des minutes de téléphonie mobile des clients d’OTA étaient destinées à des clients… OTA. Une équation, faut-il le rappeler, qui ne concerne que le segment de la voix; de plus en plus distancé par l’utilisation de la 3G, et plus récemment encore de la 4G. Enfin, il faut savoir que cette décision, validée en conseil fin septembre dernier, a coïncidé avec la publication par Djezzy, le jeudi 3 novembre, de son bilan d’exercice du troisième trimestre de l’année, qui a tout de même fait ressortir un million de clients en moins – 15,9 millions cette année contre 16,9 millions en 2015.