N’étaient la situation politique nationale polluée et l’état de l’économie sclérosée, on aurait applaudi volontiers à ces échanges de lettres et de bons mots entre des responsables algériens. Ce qui aurait été un signe de bonne santé. Malheureusement, c’est le contraire. Nous assistons à des règlements de comptes par missives interposées via la presse, faute d’autres espaces d’expression ou d’institutions crédibles jouant pleinement leur rôle.
Le citoyen a eu droit à des spectacles ubuesques comme celui de nos élus nationaux au sein même de l’hémicycle où était en débat un texte fondamental comme la loi de finances. Ou encore les réactions au verdict d’un officier supérieur qui ont défrayé la chronique et sorti de leur silence les plus muets de la grande muette.
Ce désordre fait, malheureusement, passer comme un fait divers le malaise que traverse la SNVI, géant aux pieds d’argile, qui a besoin d’une vision d’avenir sur le marché du véhicule lourd plus que d’argent comme bouffée d’oxygène transitoire. Le recours aux limogeages intempestifs de cadres intègres de sociétés sensibles, sur de simples sautes d’humeur de ministres, est devenu un mode d’emploi si facile et si usité que le simple recours aux tribunaux relèverait d’une hérésie. C’est ce qui différencie ces pratiques de celles qui ont cité dans un État de droit. Sinon, comment expliquer le manque de discipline dont font montre certains ministres dans la gestion de portefeuilles importants au sein du gouvernement Sellal. Ce dernier peine, visiblement, à être un chef d’orchestre dans un gouvernement où des ministres prennent leurs ordres d’ailleurs. Et dans ce cas, il est bien difficile pour lui de revêtir l’habit du président de la République aux conférences et sommets internationaux.
Toutes ces bribes de scènes sans scénario, qui sont au quotidien, commencent à peser sur une atmosphère déjà délétère que le pays n’a pas connue depuis des années. L’esprit de girouette a remplacé la boussole. Ce qui fait que le bateau Algérie navigue entre les flots d’une mer en pleine tempête.