Tensions franco-algériennes : les exportations alimentaires françaises en chute libre

Tensions franco-algériennes : les exportations alimentaires françaises en chute libre

Les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie continuent de s’aggraver, entraînant des répercussions économiques majeures. L’éloignement progressif entre les deux pays affecte durement les intérêts français en Algérie, un marché qui a longtemps été sous l’influence de l’Hexagone.

Un déclin marqué des exportations françaises

Jusqu’en 2002, la France occupait une place de choix parmi les fournisseurs de l’Algérie en produits agroalimentaires, couvrant environ 14 % des besoins du pays. Elle exportait notamment des céréales, des produits laitiers, du bétail vivant et de la volaille, ainsi que du sucre, des betteraves, des confiseries et des biscuits.

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Cependant, cette dynamique s’est progressivement détériorée. En 2022, les exportations agricoles françaises vers l’Algérie représentaient encore 1,3 milliard d’euros. Mais en 2023, ce chiffre a chuté de moitié, atteignant 628 millions d’euros, et la tendance devrait encore s’accentuer en 2024.

Le secteur céréalier en première ligne

Le marché des céréales, autrefois dominé par la France, illustre parfaitement ce déclin. En 2018, la France fournissait à l’Algérie 5,4 millions de tonnes de céréales, couvrant jusqu’à 90 % de ses besoins. En 2021, ces exportations sont tombées à 2,1 millions de tonnes, puis à seulement 608 000 tonnes en 2023. D’après l’expert Thierry Bosch, elles pourraient encore être divisées par deux en 2024, et approcher de zéro en 2025.

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L’exclusion des céréales françaises des appels d’offres algériens depuis juillet 2024 marque une rupture profonde. Cette décision est intervenue après un changement de position de la France sur le dossier du Sahara occidental. En soutenant le plan d’autonomie marocain, Emmanuel Macron a provoqué la colère d’Alger, qui a rappelé son ambassadeur à Paris.

Un tournant politique et commercial

Les conséquences ont été immédiates. À partir de l’été 2024, les relations entre les deux pays se sont considérablement dégradées. Le 9 octobre 2024 a marqué une date clé : l’Office Algérien Interprofessionnel des Céréales (OAIC) a exclu les céréales françaises de ses appels d’offres. En décembre, cette tendance s’est confirmée, l’Algérie privilégiant désormais les céréales en provenance de Russie et d’Ukraine.

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Par ailleurs, depuis juillet 2024, Alger a cessé d’importer de la viande bovine et des produits laitiers français. Entre janvier et novembre 2024, les exportations françaises vers l’Algérie ont reculé de 25 % par rapport à 2023. La situation est encore plus préoccupante pour les produits manufacturés, dont les ventes ont également chuté.

Si certains experts considèrent que l’abandon du blé français, plus cher et de qualité inférieure à celui de la Russie ou de l’Ukraine, était inévitable, il ne fait aucun doute que la crise diplomatique a accéléré cette transition. L’avenir des relations économiques entre les deux pays semble plus incertain que jamais.