Tentatives de déstabilisation du “Hirak” à Oran : Des citoyens s’insurgent

Tentatives de déstabilisation du “Hirak” à Oran : Des citoyens s’insurgent

Les animateurs oranais du mouvement de contestation en sont convaincus : depuis plusieurs jours, voire des semaines, les autorités locales s’emploient à saper le mouvement qui empêche les puissants de dormir. “El-îssaba est acculée. Après les tentatives de division, le leurre des arrestations de responsables politiques et hommes d’affaires, le pouvoir a décidé de prendre d’autres mesures dont les interpellations ou l’interdiction de nos rencontres-débats. C’est pathétique !”, a dénoncé, mardi, un des animateurs du forum politique de la place du 1er-Novembre qui réunit, chaque soir, des dizaines, parfois des centaines de citoyens.

Le “durcissement” des autorités locales contre le hirak à Oran s’est manifesté lors de la marche du vendredi 24 mai avec l’interpellation des deux activistes Abdelkrim Rahmouni et Abdellah Djillali (les deux hommes avaient été finalement libérés sans aucune charge) et s’est confirmé mardi dernier, d’une part, par l’installation par l’APC d’Oran d’une dizaine de tentes supposées accueillir une exposition d’artisanat sur une partie de la place du 1er-Novembre et, d’autre part, la notification verbale d’interdiction du forum communiquée aux animateurs par des officiers de la sûreté de wilaya, en présence d’un dispositif policier inhabituel. “Des responsables de la sûreté — dont un adjoint du chef de sûreté — nous ont avertis que le forum n’était pas autorisé par la wilaya et que nous devions cesser les rencontres-débats.

Nous avons répondu que nous n’allions pas introduire une demande d’autorisation auprès de la wilaya et que nous souhaitions voir une notification d’interdiction écrite pour que nous puissions agir”, a relaté un avocat, en soulignant l’absurdité de la situation et en assurant que le forum allait continuer. Du reste, tous les participants ont réitéré leur détermination à poursuivre le mouvement de contestation, quelles que puissent être les intimidations. L’installation de la dizaine de tentes d’exposition (sur 30 prévues, selon une source proche de l’APC) relève d’une volonté de perturber un espace de débat salutaire. “Les autorités utilisent rarement l’esplanade du 1er-Novembre pour des activités culturelles.

Et, comme par hasard, on nous annonce aujourd’hui la tenue d’une exposition d’artisanat. Mais de qui se moque-t-on ?”, s’est insurgé un autre manifestant, résident du quartier, en rappelant que ce type d’événement se tient généralement place Kahina, près de la cathédrale, ou encore dans le cadre très agréable du Jardin méditerranéen. “Il y a une volonté d’affaiblir le mouvement en l’amputant de son seul espace de débats (en tout cas le plus visible, ndlr). Mais nous ne céderons pas. Nous avons arraché cet espace de liberté, nous nous y exprimons tous les jours depuis le 22 février, je ne vois pas pourquoi on nous l’interdirait aujourd’hui”, a-t-il conclu. Une pétition dénonçant la décision de tenir une exposition artisanale sur une esplanade fréquentée à la fois par les familles en quête de délassement et des citoyens assoiffés de liberté d’expression devait être transmise au P/APC d’Oran hier matin.

Les intervenants, qui se sont succédé mardi au micro du forum du 1er-Novembre, se sont, par ailleurs, inclinés à la mémoire du militant des droits de l’Homme Kamal-Eddine Fekhar et ont exigé la libération des détenus d’opinion. “Le pouvoir est responsable de la mort de Fekhar comme il est coupable du décès du journaliste Mohamed Tamalt. Il sera tenu responsable de ce qui pourrait advenir des détenus qui croupissent dans les geôles pour avoir osé exprimer leur opinion”, a lancé un intervenant devant une assemblée toujours sous le choc de l’annonce du décès du militant. Le maintien de la pression sur le pouvoir et le caractère pacifique des manifestations ont également été soulignés lors de ce forum, qui s’est achevé avec la promesse d’un vendredi tonitruant.
 

S. Ould Ali