PARIS – Un manuel pour les journalistes vient d’être publié à Paris afin de les aider à poursuivre leur mission d’informer tout en évitant de servir de caisse de résonance aux terroristes.
Edité par l’Unesco, le manuel (//unesdoc.unesco.org/images/0024/002470/247075F.pdf) vise à attirer l’attention des journalistes sur la nécessité de faire preuve de vigilance concernant les personnes qu’ils citent, les messages qu’ils véhiculent et la manière dont ils replacent l’information dans son contexte malgré la course des différents médias pour gagner des lecteurs, des visiteurs ou des auditeurs.
Ce guide de 110 pages examine la nature du terrorisme et les défis qui se posent aux journalistes pour présenter des informations équilibrées sur un sujet aussi chargé émotionnellement.
Le sous-directeur général de l’Unesco pour la Communication et l’Information, Frank La Rue, a indiqué, dans la préface du document, que le véritable objectif des terroristes est de diviser la société en deux et de dresser les citoyens les uns contre les autres en provoquant la répression, la discrimination et la discorde , ajoutant qu’ils veulent prouver au plus grand nombre que leurs prédictions de persécution généralisée étaient effectivement correctes, tout en attirant de nouveaux adeptes à leur cause violente.
Ils cherchent à créer une atmosphère défaitiste face aux attaques et aux réactions polarisées, a-t-il souligné.
Le même responsable de l’Unesco met en garde contre le réel danger du terrorisme qui crée un climat de peur et de suspicion menant ainsi vers une nouvelle vague de nationalisme et de populisme pouvant sacrifier les libertés au nom d’une vengeance aveugle.
En ces temps difficiles, face à une fragmentation des audiences et aux grands défis financiers rencontrés par de nombreuses organisations des médias, les journalistes doivent résister à la tentation de recourir au sensationnalisme dans le but d’attirer plus d’yeux, d’oreilles ou de clics.
Ils doivent maintenir une approche globale et faire attention aux mots qu’ils utilisent, aux exemples qu’ils citent et aux images qu’ils diffusent, a-t-il souligné.
Se basant sur plusieurs exemples, le manuel examine la manière dont les journalistes traitent des victimes du terrorisme, abordent les rumeurs, rendent compte des enquêtes menées par les autorités, conduisent des interviews avec des terroristes et couvrent leurs procès.
Dans ce contexte, il recommande aux journalistes d’éviter les spéculations et les accusations qui accompagnent souvent les premiers moments de confusion après une attaque terroriste, lorsque rien n’est encore sûr mais que la demande d’informations est à son paroxysme.
Pour les rédacteurs de ce manuel, les journalistes doivent considérer avec attention l’aspect inhérent au terrorisme qui, en tant qu’acte de violence, suscite chez de nombreuses personnes une peur totalement disproportionnée par rapport au niveau de risque réel , tout en s’assurant qu’ils ne se mettent pas eux-mêmes ou leur personnel en danger dans leur quête d’informations exclusives.
Un chapitre distinct est consacré à la sécurité des journalistes, notamment à la question des enlèvements et des traumatismes que peuvent subir les journalistes.