Théâtre: « El guerrab oua salihine », un appel au renoncement à la paresse

Théâtre: « El guerrab oua salihine », un appel au renoncement à la paresse

La dernière mouture d’ »El guerrab oua salihine » (le porteur d’eau et les marabouts), présentée jeudi soir à Constantine par le théâtre régional d’El Eulma est, selon son metteur en scène Nabil Bensekka, un « appel au renoncement à la paresse et l’encouragement du travail pour une société productive ».

Ecrite par le regretté Ould Abderrahmane Kaki, cette pièce dont le texte original a été  »mis à jour » a incité, 90 minutes durant, le public nombreux

dans la salle du théâtre régional de Constantine (TRC), à réfléchir aux valeurs sociales, à l´avenir mais surtout à la manière de gérer la vie.

Au lever du rideau, les spectateurs sont transportés dans le petit village de Sidi Dahane dont la population vit dans une profonde misère tout en souffrant

d´une faillite sociale et culturelle. Par désespoir, Sid-Ali, el guerrab (le porteur d’eau) implore les saints. A sa stupéfaction, trois marabouts apparaissent

: Sidi Abdelkader Djillali, Sidi Boumediene et Sidi Abderrahmane.

Ereintés par leur long voyage, ils demandent à Sid Ali de leur trouver un logement pour la nuit auprès des habitants du hameau. Tout le monde refuse

prétextant sa pauvreté, sauf Saliha qui exerce le plus vieux métier du monde et qui n´hésite pas à sacrifier son seul bien, sa chèvre, pour bien accueillir

ses invités.

Pour la remercier, les saints (awlia salihine) lui donnent de l’argent et prient Dieu de sauver cette communauté en détresse. Saliha décide alors de

faire construire trois zaouïas et d’organiser quotidiennement des  »waâdas » au profit des villageois.

D’une scène à l’autre, les habitants de Beni Dahane courrent après l´argent et les intérêts. La passivité, la négligence et la paresse se répandent. Tout

est bon pour escroquer les personnes superstitieuses.

Saliha prend la résolution d´intervenir pour redresser la situation.

Elle usurpe (mais pour la bonne cause) l’identité de son cousin Salim qui vit à l’étranger et fait comprendre aux villageois que sans le travail, ce don du

ciel finira bien par s´épuiser un jour.

Jouée en arabe dialectal, servie par des sonorités ponctuées de temps à autre de chants et de danses, ainsi que par des jeux de lumières, la pièce

a été interprétée par des comédiens talentueux, très applaudis par le public, à l’instar de Moussa Lakrout (El Guerrab) et Saliha Idja (Saliha), ainsi que

d’autres jeunes acteurs comme Fares Boussaâda, Djamel Guechi et Houria Bahloul qui ont réussi à capter l’attention des spectateurs dès les premières scènes.

Après le spectacle, le metteur en scène a précisé à l’APS qu’il s’agit-là de sa toute première expérience dans le théâtre professionnel. Il  n’a pas caché

son émotion devant l’excellent accueil du public constantinois.

Il a également loué l’interprétation  »remarquable » des 21 comédiens dont plusieurs montent sur les planches pour la première fois.

Cette oeuvre, montée pour la première fois en 1966 par Ould Abderrahmane Kaki qui a adapté  »La bonne âme de Se Tchouan », est considérée comme l’œuvre majeure du défunt dramaturge Algérien (1935-1995).