La pièce «Ham Galou», mise en scène par Sofiane Attia, a été présentée, avant-hier soir, à la salle Hadj-Omar du Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi (TNA). Ecrite par Adlane Bakhouche, cette pièce met en lumière les pouvoirs des réseaux sociaux à influencer et altérer l’information. Coproduite par l’Association des dramaturges d’Arlequin d’El Eulma, en coopération avec le Théâtre régional d’El Eulma, la pièce est interprétée par les brillants comédiens Mohammad Racim Kacimi et Lotfi Ben Sabaâ.
Dans une mise en scène fluide, la pièce raconte l’histoire d’un jeune homme amoureux, qui veut à tout prix aller demander la main de sa bien-aimée. Mais il n’a pas le courage de le faire, car il est effrayé par ce qu’on a pu lui raconter sur le père de la jeune fille.
D’un autre côté, la pièce montre les dessous d’une société hypocrite sous emprise de rumeurs et de réseaux sociaux qui sèment la zizanie. Ainsi, le jeune homme plein de ressources a trouvé une solution afin d’arriver à ses fins. Pour se faire remarquer, il sort manifester, muni d’une bouteille d’essence, et menace de se suicider, si ses revendications ne sont pas satisfaites. Un policier nommé Keddour est envoyé pour l’empêcher de faire une bêtise et se met à recueillir ses revendications. Un dialogue s’installe et les deux personnages se font des confidences sur leur vie amoureuse. Mais le jeune homme se confie sans savoir que l’homme, en face de lui, est le père de sa bien-aimée, qu’il redoutait tant. Les heures passent, la discussion bat son plein, quand le policier demande au jeune de lui donner le numéro du père de la jeune fille. Ce dernier appelle son amoureuse et lui demande le numéro de son père, l’autre muni de son calepin, note les chiffres. Ilà la fin que la jeune fille a dû faire une erreur car ce numéro et le sien. C’est là que la situation dégénère lorsque le policier confirme qu’il s’agit bien de sa fille.
La pièce démontre ainsi l’égoïsme et l’hypocrisie dès que cela touche à «l’honneur» de la personne. La scénographie de Mourad Bouchehir s’est basée sur un simple décor mobile, liant un certain nombre de tablettes et téléphones mobile, attaché par des bandes jaunes de scène de crime, sur les quelles a été mentionné «Attention».
En marge de la présentation, en ce qui concerne le titre de la pièce, le metteur en scène Sofiane Attia, qui est également le directeur du Théâtre régional d’El Eulma, nous explique que «les fausses rumeurs circulent rapidement et de manière efficace. Les gens ne sont pas sûrs que les informations proviennent de sources réelles et avalent tout ce qui se dit sur les réseaux sociaux. Cela les amène à porter des jugements et à prendre des décisions inacceptables. Ce qui est dangereux.» Il nous dévoile également que le texte adapté sur scène a fait l’objet de quelques modifications. «J’ai changé quelques trucs dans le texte, cela va de soi. Je l’aurais fait, même si cela avait été mon propre texte. L’essentiel est de faire passer le message transmis à travers le texte et surtout respecter l’idée de l’auteur».
La pièce, présentée dans le registre du burlesque, l’a déjà été au Théâtre régional d’El Eulma, sur la scène du théâtre de Tizi-Ouzou et au TNA, afin de «toucher un large public et bénéficier d’une large couverture médiatique. Ce qui manque à El Eulma», nous avoue Sofiane Attia.
Il nous fera savoir, par ailleurs, que le Théâtre régional d’El Eulma est en pleine préparation d’une nouvelle production. Soulignant : «Nous sommes en train de préparer une nouvelle pièce destinée aux enfants, intitulée «la Cité de Nano», écrite par Kenza Mebarki, lauréat du troisième prix au concours initié par l’Institut arabe du théâtre en 2018.» Et concluant que «cela va être une belle et nouvelle expérience pour nous, car cette pièce sera mise en scène par le jeune Souhil Boukhadra, qui est bourré de talent. Il apportera de nouvelles techniques de travail et cela va être magnifique».
Fadila Djouder