Le débat autour des réparations financières pour les crimes commis par la France en Algérie refait surface. Récemment relancé par le politologue français Thomas Guénolé, ce sujet sensible ravive les tensions mémorielles entre Paris et Alger, plus de six décennies après l’indépendance de l’Algérie.
Une question légitime malgré l’absence de revendications officielles
Bien que l’Algérie n’ait jamais officiellement demandé d’indemnisation, les crimes coloniaux commis entre 1830 et 1962 continuent de nourrir les débats publics.
Thomas Guénolé, ancien membre de La France Insoumise, a déclaré sur Sud Radio que « la France doit financièrement indemniser l’Algérie ».
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Il s’appuie sur l’exemple de l’Allemagne, qui a versé 1,1 milliard d’euros à la Namibie pour des crimes coloniaux similaires.
L’argumentaire de Guénolé repose sur des faits historiques accablants : la conquête de l’Algérie au XIXe siècle, qui aurait causé la mort d’un tiers de la population algérienne de l’époque, soit environ un million de personnes, à travers des massacres et des famines provoquées.
Il a également cité les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata en 1945 ainsi que l’application du Code de l’indigénat, qu’il qualifie d’« Apartheid à la française ».
Le poids du conflit mémoriel
Le processus de réconciliation des mémoires, initié par Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, a privilégié des gestes symboliques au détriment de réparations financières.
Le rapport Stora, remis en 2021, propose des actions visant à apaiser les tensions, sans toutefois aborder cette question spécifique.
Néanmoins, l’absence de discussions sur les indemnisations alimente les revendications.
Tebboune a récemment insisté sur la reconnaissance des crimes coloniaux, évoquant un « génocide » et les conséquences des essais nucléaires français dans le Sahara, dont les effets continuent de nuire aux populations locales.
Une mémoire contestée au nom de la justice
Guénolé rejette fermement les arguments selon lesquels la colonisation aurait eu des « bienfaits ».
Il rappelle que les infrastructures construites en Algérie étaient destinées aux colons et à l’exploitation des ressources locales.
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Les inégalités étaient flagrantes : en 1954, 50 % des femmes algériennes accouchaient à domicile, contre 8 % des Européennes. Seules 15 % des enfants algériens fréquentaient l’école, et 3 % des propriétaires, tous colons, possédaient un quart des terres arables.
Ces propos, relayés massivement sur les réseaux sociaux, ont suscité des réactions passionnées, notamment de l’extrême droite française.
Une problématique aux implications profondes
L’idée d’indemniser l’Algérie pose des enjeux moraux, politiques et économiques complexes. En France, où le passé colonial reste un sujet délicat, l’opinion publique est divisée.
Pourtant, pour nombreux d’observateurs, reconnaître et réparer ces crimes coloniaux constituerait une avancée majeure vers une réconciliation authentique.
« La France doit indemniser financièrement l’#Algérie pour les crimes de la #colonisation. Par exemple, la conquête de l’Algérie a fait 1 million de morts, c’est-à-dire un tiers de la population totale à l’époque. Il y a aussi eu un pillage des ressources. » @SudRadio pic.twitter.com/4UVT4Sfwxu
— Thomas Guénolé (@thomas_guenole) December 18, 2024