Un atelier régional va se dérouler, prochainement, dans la wilaya de Tipasa pour mettre en place une «Stratégie nationale de l’économie bleue» (SNEB), dans le sillage de la campagne nationale en cours, organisée dans le cadre du programme concocté avec l’Union Européenne (Ouest/Med).
Alors qu’il est question de mettre en valeur les métiers liés à l’économie bleue, dans la perspective du développement durable, une expression devenue à la mode, galvaudée, mais qui ne colle hélas pas à la réalité des stratégies politiques et économiques, du moins dans notre pays. Car il n’est pas du tout exagéré de dire que les projets prévus chez nous sont loin de s’inscrire dans la perspective d’un développement durable avec son corollaire, la protection de la biodiversité, seule richesse pérenne.
C’est le cas du projet de réalisation d’un port commercial dans la zone touristique d’El Hamdania (daïra de Cherchell), qui va bouleverser la nature et portera atteinte, durablement, à la biodiversité de cette zone abritant une banquise, avec son herbier de Posidonie, communément connu sous l’appellation du poumon de la mer.
C’est en tout cas le cri d’alarme du président de la Chambre de pêche de la wilaya de Tipasa, Kabèche Salah, qui espère, qu’à la faveur du Hirak et du départ de la bande de prédateurs, les responsables vont, de nouveau, réfléchir avant de lancer les travaux et trouver un site plus adéquat et moins risqué pour la biodiversité marine, qui, hélas, n’est plus renouvelable.
Armateur, patron de pêche, fils de pêcheur de Bou Haroun, Kabèche Salah connaît la région comme sa poche d’ailleurs.
Usant d’une métaphore, pour bien illustrer son propos, il dira qu’il connaît les fonds marins de la wilaya comme vous vous connaîssez la route que vous empruntez chaque jour avec votre véhicule. Malheureusement, selon lui, jamais les pêcheurs n’ont été consultés sur les projets concernant la région et encore moins celui du port commercial d’El Hamdania (Cherchell) qui va massacrer la biodiversité de la zone.
Dans cet entretien, il abordera, pour Reporters, plusieurs sujets, qui sont un casse-tête pour la Chambre de pêche qu’il préside depuis deux ans. La situation des marins pêcheurs, face aux tracasseries administratives, la raréfaction de la ressource en raison de la surpêche, de la pollution par le plastique, des mensonges des pouvoirs publics quant au poisson qui meurt de vieillesse au large des côtes, de l’arnaque sur le soi-disant programme de relance économique du secteur des années Bouteflika et autres ventes de poissons congelés au détriment de la santé des consommateurs…