Les adversaires de Saâdani sont confiants dans l’obtention de l’autorisation pour la session extraordinaire du CC, mais pour ses partisans, il sera maintenu au moins jusqu’à l’adoption de la Constitution.
La bataille au FLN s’intensifie et la crise se corse de plus en plus. Aculé, le secrétaire général du FLN, Saâdani, comme à l’accoutumée, bat le rappel des ses mouhafedhs pour leur faire signer un communiqué d’allégeance et de soutien à ses actions, notamment concernant la création de nouvelles mouhafadhas, une opération qui a soulevé un tollé de protestations, partout au niveau de la base militante et parmi les instances nationales du parti.
A cet effet, une réunion regroupant tous les mouhafedhs est prévue pour samedi prochain. Toutefois, à couteaux tirés, des rencontres informelles se tiennent au quotidien, à Alger, par les groupes de deux camps belligérants. Lors d’une rencontre de ce genre tenue hier, les soutiens de Saâdani reconnaissent qu’une trentaine de députés, du reste mis sous écoute et surveillés à la loupe, ont rejoint les détracteurs de Saâdani.
Ces derniers affirment que Saâdani est «intouchable» et qu’il sera maintenu au moins jusqu’à l’adoption du projet de la révision de la Constitution, voire que le congrès lui sera acquis. Le secrétaire général garderait intacts les appuis qui l’ont intronisé à la tête du parti. Ses opposants, renforcés par un soutien médiatique et un membre du gouvernement issu du FLN comme pivot, montent subitement au créneau pour réclamer sa destitution du parti majoritaire au Parlement.
Les adversaires de Saâdani se disent qu’ils ont de fortes chances de gagner la bataille car désormais ils sont proches de l’obtention de l’autorisation de tenir une session extraordinaire du CC d’autant plus que le noyau dur anti-Saâdani est toujours là. Les détracteurs du SG du FLN sont convaincus que la garantie d’obtenir ce sésame permettra aux plus hésitants de les rejoindre.
En fait, une villa louée à El Biar par ce ministre de souveraineté, sert de base arrière pour une guerre de tranchées que se livrent les deux camps, selon des sources bien informées. Sans nier cette nouvelle donne au profit de leurs adversaires, les soutiens de Saâdani évoquent le spectre d’un remaniement ministériel imminent, sciemment utilisé et agité pour faire pression sur ce membre du gouvernement qui ambitionnerait de prendre la tête du parti lors du 10éme Congrès. Ce dernier averti reviendra-t-il sur sa décision? Le groupe de Saâdani minimise la force de ses adversaires, en affirmant que l’actuel patron du vieux parti tient les choses en main.
En tout cas, Saâdani n’est pas près d’arrêter son opération de découpage hautement décriée. La wilaya prochaine qui verra ses mouhafedhs tripler sera celle de Bouira. Abderrahmane Belayat a affirmé hier que Tayeb Louh a confié aux gens en qui il a confiance que «Saâdani a dépassé les limites et de ce fait il ne peut plus le cautionner». Plus d’une centaine de députés ont constitué un groupe parlementaire parallèle. Autant de cadres du comité central, ainsi qu’une dizaine de mouhafedhs s’inscrivent contre l’aventure de Saâdani, relève-t-on.Ses détracteurs vont jusqu’à dire que Ahmed Ouyahia doit savoir que les propositions qui lui sont faites n’engagent pas le FLN puisque l’actuelle direction est illégitime. Même le FFS est mis en garde que sa rencontre avec le groupe de Saâdani ne concerne ni de près ni de loin le FLN.
Par ailleurs, ces échanges d’hostilités entre antagonistes à la veille du 10e congrès du FLN se déroulent dans un climat politique très tendu, avec, en toile de fond, la guérilla autour du contrôle de cet appareil pour la course à la succession. Plusieurs parties s’impliquent dans ce conflit éclaté au grand jour. Des noms circulent, à la fois de ministres et de responsables à la tête des institutions sensibles, qui se seraient immiscés, ou seraient devenus partie prenante dans ce branle-bas de combat.