L’organisation de la filière passe par un travail minutieux sur le terrain en collaboration avec tous les intervenants dans la chaîne de mise sur les marchés nationaux.
Les prévisions de la direction des services agricoles de la wilaya de Tizi Ouzou sont au top de leur optimisme. Pour la présente récolte d’olives 2016-2017, les statistiques affichent une hausse de 10,64% par rapport à celle de la saison passée. La récolte attendue donc cette année est d’un rendement estimé à 16 quintaux à l’hectare.
Bizarre! Les chiffres ne reflètent pas la réalité car sur le terrain, les producteurs ne prévoient guère une hausse cette année. C’est bien le contraire que nous avons constaté dans l’oliveraie locale qui connaît une baisse de production de presque de moitié. Pour vérifier ces chiffres, nous n’avons pas meilleur indice de vérité que le terrain.
En témoigne l’olivier «personnellement», la récolte attendue est tellement avare que les producteurs n’ont pas encore entamé les travaux. Du côté des huileries, ce n’est également pas la ruée vers les presses. Patients et résignés, les propriétaires des huileries s’attendent à une faible production et ne sont pas pressés de mettre «en marche» leurs mécaniques.
Dans les champs, la récolte chétive apparaît à l’oeil nu. Le néophyte se rend compte aisément que les oliviers ne portent pas beaucoup de grains. Bien pire, beaucoup d’oliviers n’ont même pas porté de fruits cette année.
Par ailleurs, le citoyen, en connaisseur de l’évolution du marché, s’attend à une hausse vertigineuse des prix de l’huile d’olive. Déjà inaccessible vu les tarifs appliqués l’an dernier, l’huile d’olive de Kabylie risque d’atteindre des prix invraisemblables.
L’année dernière, elle était cédée à 800 dinars, mais la hausse est inéluctable, vu le peu de quantité qui arrivera sur les marchés, mal organisés, de la région. C’est justement, de l’avis des producteurs et des propriétaires des huileries contactés, à ce niveau que les services agricoles sont attendus. L’organisation de la filière passe par un travail minutieux sur le terrain en collaboration avec tous les intervenants dans la chaîne de mise sur les marchés nationaux.
En effet, depuis bien longtemps, l’huile d’olive de Kabylie détient une image de marque prestigieuse, mais qui ne lui profite pas du point de vue économique. Cette image appréciée à travers toute l’Algérie ne bénéficie pas économiquement aux producteurs locaux. Jusqu’à aujourd’hui, sa commercialisation est anarchique, n’obéissant à aucune norme ni règle commerciale à proprement parler.
Beaucoup de tentatives de l’introduire dans les circuits commerciaux ont buté sur des obstacles purement bureaucratiques. Des difficultés d’organisation de la filière se sont jointes à ce manque de volonté d’aider les producteurs. Ainsi renaît l’éternelle tournée en rond qui leur a toujours fait rattraper les derniers.
Enfin, il est à noter que les producteurs, les économistes, les investisseurs s’interrogent sur le degré de fiabilité de ces chiffres balancés chaque année sur la récolte et les quantités d’huile d’olive produites. Une fiabilité qui demande la vulgarisation des paramètres et des indicateurs appliqués pour récolter les statistiques prévisionnelles.
Jusqu’à présent, toutes les initiatives d’exporter ce produit ont buté sur la bureaucratie à tous les niveaux.
La preuve de ce manque de volonté réside dans l’absence d’un laboratoire de certification de la qualité, seul moyen de hisser l’huile d’olive de Kabylie aux standards internationaux de commercialisation. Ce manque de volonté des responsables se joint à un autre problème d’organisation des producteurs, eux-mêmes.
Sous d’autres cieux, ces derniers se seraient regroupés dans une coopérative et un laboratoire ne coûte pas cher. Ils l’auraient acheté en collectant les fonds nécessaires parmi les gens de la filière.