Le RCD ne se porte donc plus bien tout comme son frère ennemi le FFS, dont le sort a fini par être scellé surtout avec le retrait progressif d’Ait Ahmed.
C’est la première fois depuis que le multipartisme a vu le jour en Algérie au lendemain des événements d’octobre 1988, qu’une telle tiédeur de l’activité partisane est constatée dans la wilaya de Tizi Ouzou.
Une région qui était pourtant réputée pour être l’une des plus politisées d’Algérie. Désormais, ce qui était valable durant la fin des années 1980 et dans les années 1990 semble ne plus l’être. C’est le moins que l’on puisse dire, compte tenu de la froideur inédite qui caractérise la scène politique locale en dépit du fait que quelques mois seulement nous séparent de la tenue des élections législatives et municipales de 2017.
Les quatre partis politiques qui ont le vent en poupe en quelque sorte sur la scène politique, de par le nombre d’élus qu’ils comptent aussi bien dans les Assemblées populaires communales que des Assemblées populaires de wilaya et à l’Assemblée populaire nationale ont du mal à mobiliser les citoyens. Ils éprouvent du mal même à attirer leurs militants comme cela fut le cas dans un passé très proche. C’est le cas d’abord du Front des forces socialistes. Le plus vieux parti d’opposition était et de loin la première force politique dans la wilaya de Tizi Ouzou au lendemain de l’ouverture politique de 1988. Et de nombreux citoyens plus ou moins politisés se souviennent et ne sont pas près d’oublier l’échec cuisant de Saïd Sadi, qui était candidat aux législatives de 1991 face à un certain mais redoutable Saïd Khellil du FFS. A l’époque, Saïd Khellil n’était pas encore premier secrétaire du FFS. C’est donc en tant que simple cadre du parti que Saïd Khellil avait battu Saïd Sadi, qui était le président du RCD (à l’époque, on disait encore secrétaire général). Mais depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts et aujourd’hui, ni Saïd Sadi n’est président du RCD, ni Said Khellil n’est militant du FFS, encore moins premier secrétaire.
En effet, depuis 1991 jusqu’à aujourd’hui, les deux partis du FFS et du RCD ont subi d’interminables saignées. S’il y a 25 ans, le FFS était assuré d’avance d’être classé premier dans la wilaya de Tizi Ouzou à chaque élection, ce n’est plus le cas maintenant. Au début, le recul du FFS avait profité provisoirement au RCD. Le RCD n’avait pas cessé d’en tirer les dividendes en progressant jusqu’à pouvoir même égaler le FFS aux élections législatives de 1997 avec sept sièges à l’APN. Un grand exploit et une victoire remarquable qui fera toutefois long feu, puisque juste après cette année, même le RCD verra ses rangs s’affaiblir avec les démissions collectives des cadres aussi bien nationaux que locaux.
Tous les membres fondateurs du RCD ont plié bagage et on peut citer arbitrairement des noms comme Mokrane Aït Larbi, Amara Benyounès, Khalida Toumi, Djamal Fardjellah etc., jusqu’à tout récemment, Nordine Aït Hammouda. Chaque cadre de ce parti, en claquant la porte emporte avec lui une armada de militants comme ce fut le cas dernièrement avec le fils du colonel Amirouche. Le RCD ne se porte donc plus bien tout comme son frère ennemi le FFS dont le sort a fini par être scellé surtout avec le retrait progressif d’Ait Ahmed puis son décès. Aujourd’hui, ni le FFS ni le RCD ne sont en mesure de faire la pluie et le beau temps en Kabylie comme dans les années 1990. D’ailleurs, durant cette période et en dépit de la situation sécuritaire qui était loin d’être reluisante, aussi bien le FFS que le RCD, animaient leurs meetings dans les stades et remplissaient ces derniers.
Actuellement, ce qui reste de ces deux formations politiques n’arrive même pas à remplir la grande salle de spectacle de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri.
D’ailleurs, la dernière rencontre animée par le FFS à Tizi Ouzou, il y a moins d’un mois, s’est tenue à la petite salle de théâtre de la Maison de la culture et avec un public clairsemé.
Il y a donc un véritable malaise chez ces deux partis et c’est ce qui explique bien entendu leur silence et leur inaptitude à bouger à la veille des deux échéances électorales. Cette descente aux enfers du FFS et du RCD a profité d’une certaine manière au Front de libération nationale et au Rassemblement national démocratique. Si dans les années 1990, ces deux formations politiques, taxées d’être du pouvoir avaient du mal à arracher ne serait-ce qu’un seul siège à l’APN ni même une APC, depuis plus d’une décennie, les choses ont vraiment changé pour elles. Aussi bien le FFS que le RCD sont obligés de séduire les élus du FLN et du RND dans les jeux des alliances pour avoir notamment la mainmise sur l’APW, mais aussi un certain nombre d’APC où la majorité absolue fait souvent défaut. Ceci, sans compter les dizaines d’APC qui reviennent de fait au FLN comme Sidi Naâmane, Draâ Ben Khedda, Boghni et tant d’autres. Quant aux partis islamistes comme le Mouvement de la société pour la paix et les autres, la wilaya de Tizi Ouzou leur reste impénétrable en dépit des efforts déployés par leurs cadres pour au moins arracher des APC cosmopolites comme Drâa Ben Khedda et Tizi Ouzou.
L’inaccessibilité de Tizi Ouzou aux islamistes dans la région est donc la seule donne qui demeure inchangée et ce, 25 ans après la tenue de la première élection pluraliste dans l’histoire de l’Algérie indépendante. .