Les citoyens de 2016 choisissent d’aller de préférence en compagnie de toute la famille vers ces grandes surfaces où tout se vend, mais pas forcément à des prix moins chers.
A chaque époque, sa propre mode. Dans toute la wilaya de Tizi Ouzou, l’heure est aux grandes surfaces et aux espaces appelés communément supérettes.
Nous sommes loin, vraiment loin, de l’époque de la minuscule épicerie du village où ne se vendait que le strict minimum. Aujourd’hui, ces épiceries sont en voie de disparition, si ce n’est qu’elles le sont déjà dans pas mal de villages de la wilaya de Tizi Ouzou. Et celles qui résistent au temps et au changement inéluctable sont peu nombreuses et vont mettre la clé sous le paillasson sous peu et ce, de l’avis même de leurs propres propriétaires. Les citoyens de 2016 choisissent d’aller, de préférence, en compagnie de toute la famille, vers ces grandes surfaces où tout se vend mais pas forcément à des prix moins chers.
«Au début, quand j’ai vu que les gens se ruaient de la sorte sur les supérettes, je pensais qu’il y avait quelque privilège pécuniaire à tirer. J’ai alors fait la même chose. Avec 5000 dinars en poche, je me suis dirigé vers un supermarché très fréquenté du centre-ville de Tizi Ouzou. Mais en faisant un petit tour entre les étals, quelle ne fut grande ma surprise en découvrant que les prix pratiqués sont exactement les mêmes que dans les épiceries et les magasins d’alimentation générale ordinaires. Il y a même des produits qui se vendent plus chers», nous confie Abdennour, un père de famille résidant à la Nouvelle-Ville de Tizi Ouzou.
Qu’est-ce qui séduit alors ces centaines de familles quotidiennement dans ces grandes surfaces? c’est l’effet de la mode, tout simplement. Pourtant, pour faire ses achats dans l’une de ces grandes supérettes, il faut parfois prendre des «risques» car le stationnement à proximité du supermarché Errahma, par exemple, l’un des plus fréquentés dans la wilaya de Tizi Ouzou (situé en face du Trésor public), est difficile. Les clients sont contraints de garer leurs véhicules en deuxième position, au grand dam des autres automobilistes qui passent par là pour aller à la Nouvelle-Ville, créant des embouteillages monstres sur la route reliant l’ancienne ville à la Nouvelle-Ville. De même que, malgré que le stationnement y est formellement interdit, des dizaines d’automobilistes n’hésitent pas à prendre le risque en bravant l’interdit.
Les policiers ont beau veiller au grain, il se trouve toujours des automobilistes qui arrivent à échapper à leur vigilance. Après l’ouverture du supermarché Errahma du centre-ville ayant été couronnée d’un succès inattendu, l’expérience a été rééditée à la Nouvelle-Ville où le même patron a ouvert un autre espace géant appelé également Errahma, une sorte d’Errahma bis, avec l’ouverture de pas moins de 400 poste de travail. Ce dernier, situé au lieudit la Tour, en plein coeur d’une Nouvelle-Ville grouillant de monde à tout moment, contrairement à celui du centre-ville, doté d’un immense parking, ce qui facilite la tâche aux clients. Ces derniers préfèrent se ruer sur l’espace de la Nouvelle-Ville pour les commodités évidentes qu’il offre et qui font défaut au supermarché Errahma du centre-ville. Mais ce dernier, en dépit des contraintes de stationnement, demeure très prisé. Il faut souvent faire une longue queue pour régler sa facture. Une ambiance qui rappelle les anciens monoprix des années 1980, avec le problème de la pénurie en moins. Car dans les supermarchés d’aujourd’hui, tout se vend et le mot introuvable n’existe pas dans le lexique des employés.
On est également loin de l’époque de la vente concomitante où acheter un paquet de café noir doit s’accompagner obligatoirement d’un serre-joints. Dans les grandes surfaces de Tizi Ouzou, on trouve désormais des dizaines de marques de café et on a vraiment l’embarras du choix. L’un des plus grands supermarchés de la wilaya de Tizi Ouzou, pour ne pas dire le plus grand, c’est Dylia. Situé également à la Nouvelle-Ville, il s’agit d’un immeuble de plusieurs étages et d’une immense superficie, doté d’un parking spacieux. Le supermarché Dylia, lancé par un concessionnaire automobile, est une aubaine non seulement pour faire des achats de toutes sortes mais aussi pour prendre une pizza en famille ou encore pour emmener ses enfants se détendre grâce au mini-manège qui y est aménagé. Les grandes surfaces, ce n’est pas seulement en ville et à la Nouvelle-Ville de Tizi Ouzou qu’on les trouve. Ces espaces de vente de produits alimentaires au détail poussent comme des cham-pignons aussi bien dans les autres villes de la wilaya que dans les villages. Qui passe par Azazga et n’aperçoit pas de loin la grande surface au nom évocateur: le Miniprix? En plus des produits alimentaires dont la profusion est remarquable au Miniprix, le client a aussi la latitude de pouvoir acheter tout autre produit comme l’électroménager, tout genre de vaisselle et même des livres et des romans ainsi que de petits livres pour enfants.
Donc il suffit de frapper à une seule porte pour acheter tout ce qu’on veut dans un seul espace. Ici, au Miniprix d’Azazga, à l’instar d’Errahma de la Nouvelle-Ville, les automobilistes ont le luxe de pouvoir garer leurs voitures dans l’enceinte du parking du supermarché. Il y a lieu de souligner que dans le même sillage, les anciens fameux Souks el Fellah, qui ont été cédés aux travailleurs, se sont aussi convertis en supermarchés.
C’est le cas des anciens Souks el Fellah de Tigzirt, Boudjima, Ouaguenoun, etc. Ces derniers, à l’instar des autres supérettes, sont très fréquentés. Et celui qui y entre sort les bras chargés de toutes sortes de produits. Quand au badaud, qui de loin observe cette procession d’acheteurs, il ne peut s’empêcher de se poser la question de savoir si on est vraiment dans un pays où la plupart des gens se plaignent de la cherté de la vie.