Les chômeurs, les employés dans le cadre du filet social, les ouvriers, les fonctionnaires et même les cadres moyens ne savent plus à quel saint se vouer pour assurer les besoins quotidien.
Leurs indemnités et leurs salaires ne tiennent plus. Les augmentations inexpliquées des produits de consommation de ces dernières semaines ont fini par réduire, sinon annihiler, leur pouvoir d’achat. Un employé dans le cadre du filet social à la mairie des Ouadhias déplorera : «Je suis père de deux enfants et je suis employé à la mairie dans le cadre du filet social. Mon salaire est très loin du SMIG. Il ne couvre même pas les frais d’électricité, du gaz, d’eau et d’internet. Pour nourrir ma famille, je bricole par-ci par-là, notamment durant les week-ends. Même la pomme de terre, le tubercule des pauvres, ne nous est plus permise. Nous demandons aux responsables concernés de sévir contre les spéculateurs et de revoir nos salaires. La situation est devenue intenable». Un chauffeur employé à la commune de Tizi N’Tléta déplorera : «Je touche 17 000 DA/mois et j’ai à charge une famille de 5 personnes. Une fois les factures réglées, il ne me reste que de quoi acheter du lait, un sac de semoule, quelques kilos de légumes secs. Les fruits et les légumes frais, nous avons fini par oublier leur saveur. La viande on n’en parle pas. On ne la voit que sur les étals des bouchers. Il urge de revoir nos cas». Pour la frange des chômeurs et des personnes handicapées, la difficulté est multipliée. Une personne handicapée qui ne reçoit que la pension de 4 000 DA/mensuel est sûrement dans la détresse totale. «Avec mes 4 000 DA, je ne sais quoi faire ? Me soigner ? Me nourrir ? Ou penser à mon avenir ? C’est une équation que je n’arrive pas à résoudre. Nous sommes aussi des êtres humains, nous avons le droit de vivre dans la dignité dans un pays musulman», tonnera un handicapé rencontré à Souk El-Tenine, au sud de Tizi-Ouzou. Dans tous les cas de figures, des pans entiers de la société vivent dans la précarité. Pour en savoir davantage sur la situation des prix de différents produits de consommation, nous avons fait le tour à travers plusieurs marchés de la wilaya. Le résultat est alarmant et confirme la chute du pouvoir d’achat des ménages.
Les fruits et légumes inaccessibles
Les prix des différents légumes sont à la hausse et la tendance sévit depuis plusieurs semaines. À commencer par le tubercule des pauvres, la pomme de terre, qui a atteint subitement le prix exorbitant de 75 DA/le kilo. La carotte, le navet et la courgette sont proposés respectivement à 75, 70 et 140 DA/le kilo. Le haricot vert à 220 DA/le kilo, le chou-fleur est à 100 DA, les cardes à 60 DA, l’oignon à 60 DA, les fèves vertes à 100 DA, alors que la tomate a atteint un pic hallucinant de 170 DA ! Pour ce qui est des piments, ils sont cotés à 130 DA. Les légumes secs ne sont pas donnés non plus. Les pois-chiches culminent à 320 DA, les haricots blancs à 200 DA et les lentilles à 190 DA. Le riz est à 85 DA, les pâtes à 50 DA/le kilo. Concernant les fruits, la donne est plus salée. Les bananes ont dépassé l’imaginaire avec leur 500 et 550 DA/le kilo. Les pommes font entre 140 et 400 DA, selon la qualité et le calibre. Les oranges sont proposées entre 100 et 160 DA. Les clémentines sont hors d’atteinte à 240 DA. Les dattes ne sont jamais au dessous de 450 DA. Pour ce qui est de l’huile de table, le bidon de 5 litres est stabilisé autour de 580 DA. Le sac de semoule de 25 kilos varie entre 1 200 et 1 350 DA.
Les viandes, seul le poulet est abordable
Au sujet de la viande rouge, le citoyen lambda n’en consomme qu’à l’occasion. Le prix est démesuré. Un kilo de viande rouge avec os est coté, depuis fort longtemps, à 950 DA, soit le salaire de deux jours de travail pour un ouvrier. Le steak est intouchable, 1 500 DA/le kilo. Les viandes congelées ne sont pas gratuites puisqu’elles tendent à s’aligner sur le prix de la viande fraîche. Le poulet après une hausse qui a duré de nombreux mois est descendu ces dernières semaines à 220 DA/le kilo. La viande de dinde, notamment l’escalope, est cédée à 950 DA, les cuisses et les ailes sont à 450 DA. La viande de lapin est tout aussi chère avec 800 DA/le kilo. Les œufs se vendent à 15 DA l’unité. C’est comprendre que les boucheries sont devenues infréquentables pour un large pan de la société. «Ce n’est pas la viande que nous voulons même si c’est important pour le développement et la santé des humains. Nous avons appris à nous en passer depuis de nombreuses années déjà. Mais quand la pomme de terre se vend à 75 DA, c’est intolérable», dira-t-on. Le lait en sachet est introuvable à travers beaucoup de localités de la wilaya de Tizi-Ouzou. Le moindre paquet de lait en poudre de 500 grammes coûte 400 DA. C’est comprendre qu’il est urgent de revoir la politique des salaires ou de stabiliser les prix et les ramener à la baisse. Pour le moment, l’Algérien modeste rencontre toutes les difficultés du monde pour subvenir aux besoins de sa famille et à lui assurer le minimum.