Khaled Boumediene

L’histoire de l’agglomération d’Aïn Tekbalet de la commune de Bensekrane est intimement liée à la grande figure du soufisme, Sidi Boumediene El Ghout (né en 1126 à Cantiallana dans la région de Séville en Andalousie), qui est décédé en 1198 dans cette contrée située à huit kilomètres de la ville de Bensekrane, puis enterré sur les hauteurs d’El-Eubbad (Tlemcen) dont la mosquée datant du XIVe siècle porte son nom.
Il est à rappeler qu’à environ cinq kilomètres d’Aïn Tekbalet se trouve la carrière de marbre, datant de l’époque coloniale, qui a attiré après l’indépendance, de nombreuses familles à cause des opportunités d’emploi offertes à l’époque par ce matériau translucide, très prisé pour les revêtements muraux et de sol. Ainsi, ces familles habitèrent à R’kham, qui renferme un trésor composé d’une très grande variété de roches riches en cristaux de calcite (principal composant des vrais marbres) et à Aïn Takbalet, une localité très agricole. Maniant l’art et la volonté, ces hommes apprirent par cœur les techniques d’extraction, de transport, de sciage et de travail de cette matière fragile et précieuse.
Cependant, Aïn Tekbalet a, depuis, connu un développement urbain considérable, qui se heurte aujourd’hui aux terres agricoles très fertiles qui l’assiègent de toute part et bloquent l’extension de cette agglomération de plus de 8.000 habitants (à titre d’exemple, la commune de Zenata compte 4.000 habitants). Oubliée dans un recoin de l’oued de l’Isser, cette contrée se désagrège aussi lentement qu’inexorablement ces dernières années, victime de ces contraintes physiques, mais aussi de la marginalisation et des atermoiements des autorités locales et de certains élus.
Outre les structures de culture et les équipements sportifs et la précarité de l’emploi faisant défaut auxquels sont confrontés les nombreux jeunes, les habitants d’Aïn Tekbalet souffrent du manque de logements sociaux et ruraux, de réseaux d’assainissement, d’éclairage public, de transport pour leurs enfants scolarisés et d’autres problèmes ayant trait à leur cadre de vie. A chaque fois, ces habitants se regroupent et ferment avec des troncs d’arbres, des pneus et de grosses pierres la RN 2 très fréquentée, qui relie Bensekrane à Aïn Kihal, pour exprimer leur mécontentement.
Depuis samedi vers 23 heures, plusieurs dizaines d’habitants (notamment des jeunes) s’y sont ainsi rassemblés. Ils ont installé deux tentes et exigé au chef de la daïra la présence du wali en personne pour lui exposer leurs préoccupations et trouver des solutions toujours repoussées, selon eux, à leurs problèmes. «Certains élus nous ont promis monts et merveilles lors des campagnes électorales précédentes, on ne les voit aujourd’hui que sur Facebook en train de faire de la propagande et de se réunir dans des beaux salons ! Hormis le président de l’APC de Bensekrane, aucun autre élu, ni de l’APC ni de l’APW, n’est venu s’enquérir de notre situation difficile à vivre depuis longtemps ! Nous ne discuterons avec personne, nous voulons le wali ! Nous aussi, nous sommes des Algériens ! Est-ce normal de n’octroyer que 20 logements ruraux à plus de 8.000 habitants ? », déclarent ces habitants en colère.