Tlemcen/L’ex-wali Mohamed Bensenane n’est plus : Un ancien commis de l’Etat et un vieux routier de la société civile disparaît

Tlemcen/L’ex-wali Mohamed Bensenane n’est plus : Un ancien commis de l’Etat et un vieux routier de la société civile disparaît

El Halloui Tlemcani

La nouvelle du décès de l’ex-wali et notable Mohamed Bensenane, à l’âge de 76 ans, samedi 6 juillet, au lendemain de la célébration de la fête de l’indépendance, 
a mis en émoi la société civile de la cité des Zianides.

Le défunt est né au mois d’août 1943 à Aïn Temouchent, selon son neveu Abdou Baraka qui nous retracera le parcours de son regretté oncle. Mohamed Bensenane débuta comme enseignant au niveau du lycée technique «El Bachir Brahimi» de Aïn Témouchent. Avant de changer carrément de cap en occupant le poste de chef de daïra de Kherrata (1977) puis de Beni Abbès (1984). Le commis de l’Etat jouira d’une promotion qui le conduira au poste de wali d’El Bayadh (1984-1989) avant d’être muté dans les mêmes fonctions à la wilaya d’Oum Bouaghi (1989-1991). Après avoir accompli ce dernier mandat en tant que wali, il est affecté au poste de secrétaire général auprès du ministère du Tourisme (1991-1994) avant d’être nommé wali hors cadre chargé de la sécurité de toutes les wilayas de l’Ouest (1994-1995).

Par ailleurs, le défunt fut le correspondant du journal La République (1963-1973) depuis le bureau de Aïn Témouchent. Il faut souligner que le regretté Mohamed Bensenane était un membre actif, un vieux routier de la société civile de Tlemcen. Il était de tous les évènements (culturel, politique, social). Cet ancien commis de l’Etat a marqué de son empreinte engagée la vie de plusieurs associations dont la fondation Mohamed Dib (vice-président), l’office du tourisme (ex-SIT), la fondation Emir Abdelkader, l’Ecolymet, l’Aspewit, «Hadrat el Andalous» (dont il fut l’un des fervents initiateurs et coordinateur du festival éponyme)… Dans ce sillage, il fut la cheville ouvrière de l’inédit colloque sur Messali Hadj initié par la société civile, qui s’était tenu à la maison de la culture Abdelkader Alloula en mars 2000. Le défunt fréquentait de temps en temps la khalwa de Cheikh Senouci de derb Beni Djemla(EL medress). Il gardait toujours sur lui, comme une précieuse archive affective, un article intitulé «Si le Ramadhan m’était conté».

La dernière fois que nous l’avions croisé, c’était un samedi 8 juin 2019 au cimetière Sidi Senouci, à l’occasion de la commémoration du 45e anniversaire du décès de Messali Hadj. Ne se départant pas de sa verve proverbiale, il prend la parole pour rendre hommage au père du nationalisme algérien, en apportant au passage, un correctif ex cathedra par rapport au vocable «harki» auquel on devrait systématiquement lui substituer le terme «traître, félon». Interrogé sur les actes de l’insigne colloque précité, il répondra qu’il en a perdu les traces et que les documents en question étaient par devers le wali de l’époque Zoubir Bensebbane. Lors du 42e anniversaire de la disparition de Messali Hadj, l’ancien wali Bensenane avait fait savoir que les autorités et la société civile devraient prendre en charge officiellement l’hommage à la mémoire de Messali Hadj dans la mesure où, malgré tout ce qu’on peut trouver à en redire, il s’agit avant tout d’une grande personnalité nationale et historique.

Ceci pour le côté cour(mémoriel) ; côté jardin(culturel) : «Dans le souci de perpétuer sa tradition de diversité et pour préserver l’aspect culturel de la cité et de la wilaya, un collectif de citoyens jaloux de leur patrimoine a décidé, sous la houlette de la section du FCE de Tlemcen, de se mobiliser afin de faire renaître ce festival de la musique andalouse, qui s’impose comme un événement phare de l’agenda culturel de la ville, et à faire participer des artistes en herbe pour découvrir leurs talents cachés et faire d’eux des artistes confirmés.. Ce festival qui a duré plus de vingt années, institué de surcroît par décret, fut remplacé par un festival hawzi par décision ministérielle, alors que ce genre de musique en tant que production poético-musicale fait partie historiquement de la même tradition de la musique andalouse…», avait déclaré de son vivant Mohamed Bensenane, en sa qualité de coordonnateur du comité de préparation, en marge de la 1ère édition du festival «Hadrat el Andalous» qui s’était déroulée du 22 au 29 décembre 2016 au palais de la Culture Abdelkrim Dali de Tlemcen.

Le défunt a été accompagné à sa dernière demeure par une foule nombreuse composés d’amis, de proches et de membres de sa famille ; il a été enterré ce samedi, après la prière de l’Asr, au cimetière de Sidi Senouci de Aïn Wazouta (Tlemcen). Les obsèques ont été rehaussées par la présence du wali Ali Benyaïche et de personnalités locales. Rappelons quelques noms d’anciens walis décédés, originaires de Tlemcen : Abdelmadjid Meziane (Béchar ;1963), Mohamed Bouricha (Blida ; 2005), Sid Ahmed Bentchouk (Béjaïa; 1980), entre autres, ainsi que Abderrahim Settouti (chef de daïra d’El Asnam ; 1980), sans compter ceux qui sont toujours en vie: Ahmed Ghazi (Alger; 1984) ; Mohamed El Ghazi (Annaba; 2013).