En Libye, malgré la fraiche création d’un nouveau gouvernement unifié, les milices armées continuent d’imposer leur règne du chaos. Loin des salons des politiciens, les Libyens continuent de se confronter à la violence sur le terrain. Des meurtres et des tortures, de véritables crimes contre l’humanité, continuent d’être commis en toute impunité.
Dans la localité agricole de Tarhuna, à une soixantaine de km de la capitale Tripoli, la violence est monnaie courante. Cette ville, qui est considérée parmi celles, nombreuses, qui ne comptent ni armée, ni police, ni encore moins une justice, a vécu pendant six ans sous de joug de la milice des frères Kani, qui ont régné sans partage, usant de violence et d’exactions, ce qui a poussé la population locale à se rebeller, et à chasser les frères Kani et leurs hordes armées.
170 morts dans une fosse commune
Dans un entretien accordé à la chaine belge RTBF, Issa, un quarantenaire habitant de la ville de Tarhuna, confie qu’il a trouvé dans ses terres, qui étaient sous le contrôle des milices des frères Kani, 170 corps, dont ceux de femmes et d’enfants, enterrés dans une fosse commune. Les recherches sont toujours en cours selon la même source, il est même très probable de tomber sur d’autres cadavres.
Issa explique que les milices des frères Kani ont utilisé des tracteurs pour se « débarrasser » des corps de leurs pauvres victimes. Le quarantenaire ajoute que les assassins « enfermaient tous ceux qui s’opposaient à eux. Ils les tuaient puis en ramenaient d’autres, par groupe de 4 ou 5″.
Issa explique aussi que le centre agricole était utilisé comme un centre de torture par cette milice meurtrière. Il précise que dans les cellules de ce centre, dont le volume ne dépasse pas un mètre cube, croupissaient des prisonniers. Ces cellules « se transformaient en four lorsque des feux étaient allumés sur ces cubes de fer« , confie ce rescapé qui souligne que les miliciens ont tué huit membres de sa famille, dont deux femmes et des enfants.
Appel à la communauté internationale
Après la libération de la ville des mains des frères Kani, Ahmed, qui a été kidnappé à l’age de 18 ans, fustige l’Union européenne : « »Si seulement les Européens nous fichaient la paix. Si on arrête de se battre, à qui l’Europe vendra ses armes ? C’est ça le problème. Et l’ONU, quand tu les vois à la télévision, ils disent vouloir une Libye démocratique. Mais sous la table, ils nous envoient de l’argent et des armes« , rapporte la RTBF.
Ahmed ajoute que la souffrance dont son peuple est victime est alimentée par « de la politique et du business ». Ce rescapé, qui a perdu un fils, témoigne du cercle vicieux de la violence en Libye. « Les gens qui ont tué mon fils, je les retrouverai et les capturerai un à un. Je les tuerai. Parce qu’il n’y a pas de Justice ! », a-t-il déclaré.
La justice et l’opinion internationale se font prier pour se pencher sur ce qui ce passe en Libye. La population de la ville de Tarhuna à titre d’exemple, qui vient à peine de se libérer du joug d’une milice, vient de tomber dans celui d’une autre. Issa, qui a échappé à quatre tentatives d’assassinat dont l’une en plein Tripoli, alors qu’il se rendait au bureau des Nations Unis pour essayer de leur parler du dossier des fosses communes, déclare que les alliés des frères Kani « veulent me faire taire à n’importe quel prix. Ils ne veulent pas que je parle des fosses communes et de leurs crimes« .