La baisse des exportations des produits hors-hydrocarbures, enregistrée par l’Algérie pour le compte du premier semestre 2019, est due à la conjoncture de la crise politique que traverse le pays, estime le président du Cluster algérien des fruits et légumes à l’export (Caflex), Toufik Hadkehiel. Ceci n’empêche pas de mettre en place les mécanismes et outils nécessaires pour faciliter l’acte d’exporter et assurer la bonne escorte aux produits locaux vers les marchés extérieurs, soutient notre interlocuteur.
Reporters : Déjà insignifiantes, les exportations hors-hydrocarbures ont enregistré une baisse de plus de 10% durant le premier semestre 2019 par rapport à la même période de 2018. Comment expliquez-vous cette tendance ?
Toufik Hadkeheil : La baisse des exportations hors hydrocarbures est due à la situation politique que connaît le pays ces derniers mois et dont l’impact se vérifie au niveau de toutes les sphères et secteurs. Nous ne sommes pas le premier pays au monde ni le dernier à passer par pareille étape sociopolitique et ses répercussions inévitables sur la sphère économique.
Cela étant dit, les moments de crise doivent servir à préparer l’avenir et à se restructurer. D’ailleurs, au niveau de la Caflex, nous continuons à travailler de sorte à faciliter l’acte d’exporter. Nous avons, dans cette perspective, organisé une première session de formation relative à la certification Global Gap. Avec l’aide des pouvoirs publics, nous ne comptons pas nous arrêter là car d’autres sessions sont prévues à partir de la rentrée. Il est peut-être utile de rappeler qu’avec une certification, un produit peut pénétrer les marchés extérieurs et se vendre avec une plus-value non négligeable.
Au-delà de la conjoncture spéciale que traverse le pays, les produits hors-hydrocarbures restent le parent pauvre de la démarche d’exportation de l’Algérie. Les pouvoirs publics développent un discours qui fait la promotion de ces produits, alors que sur le terrain, nous avons l’impression qu’ils sont plutôt marginalisés…
Non, les produits hors hydrocarbures ne sont pas marginalisés. Bien au contraire, leur exportation fait partie des priorités de l’Etat. Dans cette logique, une stratégie a été élaborée de concert avec les opérateurs économiques et les différentes institutions étatiques. Nous sommes en train de préparer le terrain pour que l’acte d’exporter puisse devenir une opération anodine. Comme vous le savez, Rome ne s’est pas faite en un jour, donc il faut savoir accorder du temps au temps et ne pas faire preuve de précipitation surtout lorsque les enjeux et les retombées pour le pays sont considérables.
En tant qu’exportateur, quel est votre stratégie pour placer le produit algérien sur les étals à l’étranger ?
Notre stratégie consiste à élever la qualité du produit algérien et, pour ce faire, nous avons besoin de mettre en place certains outils d’accompagnement, à l’image de la certification, notamment par le biais de Global Gap. Nous ne négligeons pas non plus la qualité de l’emballage du produit qui est primordiale. Il est également important de signaler que le Caflex attache une importance particulière à la mise en place d’une stratégie à long terme concernant les bonnes pratiques agricoles. Il s’agit de produire mieux en termes de qualité et ceci en collaboration avec un géant mondial de la foodchain partnership.
Nous assurons également une veille économique et stratégique pour mieux canaliser les exportations de nos clients exportateurs. Nous considérons aussi que pour qu’elle soit efficace, la logistique doit être revue et mise à jour. Autrement dit, l’Algérie est appelée à signer des conventions internationales sur ce registre, à l’exemple de celle relative au TIR (Transport international routier) qui permettra au transporteur algérien d’envoyer sa marchandise d’un point A à un point B sans que l’on ouvre ses remorques à chaque poste frontalier. Permettez-moi d’ajouter que l’un des secteurs qui permet au pays d’engranger rapidement des devises est celui de l’agriculture à travers sa branche fruits et légumes. Nous avons d’excellentes terres, et la volonté politique dans le secteur économique y est. Il faudrait être fou pour chercher à bloquer l’export. Comme je vous l’ai dit précédemment l’Etat algérien déploie des efforts pour nous aider.
Leïla Zaïmi