Tourisme: Triste spectacle au Complexe de Sidi Fredj

Tourisme: Triste spectacle au Complexe de Sidi Fredj

Ghania Oukazi

  Les enfants des régions du sud du pays qui passent leurs vacances au Centre de Staoueli ont dû déchanter devant la catastrophe écologique qui pourrit le Complexe de Sidi Fredj. 

Annoncée par les médias publics en grandes pompes, l’arrivée de «la caravane touristique» des régions du Sud vers le Nord semble répondre à des objectifs politiciens de bas étage. Contents de retrouver la mer pour certains ou de la voir, pour la première fois pour d’autres, les enfants du Sud particulièrement, ceux qui séjournent dans les alentours du Complexe de Sidi Fredj, à l’ouest de la capitale, peinent à se débarrasser de la poussière qui colle à la peau et à respirer un air pur. Depuis le mois de juin dernier et à ce jour, les responsables de l’EGT Sidi Fredj ont décidé de faire draguer le port de plaisance du Complexe, en pleine saison estivale et avec des moyens des plus archaïques. C’est un camion qui charge, quotidiennement, les fonds pourris du port, retirés par une sorte de grue alors que les estivants déambulent tout autour. «Avant, on draguait le port avec un bateau qui ramenait tous les détritus, le plus loin possible des plages», nous disait, hier, un employé de l’EGT. Il a, aussi, précisé que «l’opération de dragage du port de Sidi Fredj se faisait durant la saison hivernale pour ne pas déranger les estivants». 

Une fois rempli par les déchets dragués, le camion démarre du port de plaisance, passe tout près de l’hôtel El Manar, remonte du côté de ses bâtiments situés sur la façade nord du complexe pour rejoindre le parking qui fait face à la mer. Les déchets sont jetés du haut de la falaise, une partie atteint les eaux et une autre s’incruste sur les rochers. Il faut savoir que les eaux dans lesquelles sont jetés les déchets du port «cabotent» tout au long de la belle crique du Complexe de Sidi Fredj où nagent de nombreux estivants et où plusieurs cannes à pêche sont tendues. Tout au long du circuit qu’il doit emprunter, le camion répand sur son passage des déchets liquides dragués des fonds du port. Le complexe empeste les odeurs d’égouts. La chaleur et les rayons torrides du soleil aidant, les déchets sèchent rapidement pour devenir du sable pourri qui alourdit l’atmosphère et enveloppe le complexe d’un nuage de gris étouffant qui fait multiplier les risques d’infections à grande vitesse. L’année dernière, l’opération de dragage du port de plaisance s’est déroulée dans les mêmes conditions sans qu’aune autorité se soucie de ses conséquences désastreuses sur les estivants et sur l’environnement. Des parents ont été obligés de raser la tête de leurs enfants en bas âge pour pouvoir soigner des éruptions de boutons. D’autres enfants s’en sont sortis avec des infections aux yeux. Tous ont barboté dans les eaux sales des plages de Sidi Fredj. 

Le ministère du Tourisme s’enorgueillie à présenter «la caravane touristique» comme étant un exploit pour une prise en charge des enfants du Sud venus au Nord. Ses cadres précisent que «la caravane» est accompagnée d’un comité composé de pédagogues, de médecins et de spécialistes de la mer. L’état de Sidi Fredj, noyé dans la poussière d’un sable sale et puant ramené des fonds du port de plaisance pour être dispersé à travers les allées du complexe, laisse penser que les responsables gèrent à pied levé. L’absence d’autorités politiques compétentes, dans toutes les institutions de l’Etat, laisse penser au pire. La Santé, l’Environnement, le Tourisme, les Collectivités locales, pour ne citer que ces domaines, vont très mal en ces temps d’incertitudes où les finances et l’économie sont prises entre les tenailles d’une justice qui agit sous les ordres d’un pouvoir de fait qui a mis tout le pays en attente.