Les Ouyahia, Ould Abbès, Ghoul et Benyounès n’ont pas été écartés de leurs postes pour des mauvais choix politiques ni pour avoir été des laudateurs
Le premier rêvait d’être président. Le second, un «condamné à mort» et poseur de bombes, amusait la galerie en sombrant dans une mythomanie sans limite et en promettant d’être toujours au pouvoir en 2030. Le troisième était un transfuge politique qui a fait de la courtisanerie un métier allant jusqu’à affirmer soutenir l’ancien président «mort ou vivant» alors que le quatrième s’est vu attribuer par les internautes le trophée 2014 de la «chita» grâce à la célèbre expression «le cerveau de Bouteflika fonctionne mieux que tous nos cerveaux réunis».
Eux ce sont le quatuor qui dirigeait l’alliance présidentielle du régime de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika. Ahmed Ouyahia, Djamel Ould Abbès, Amar Ghoul et Amara Benyounès, tous ont fini en prison. Ils sont accusés de corruption, de dilapidation, d’abus de pouvoir, de vol, de blanchiment …. Pour résumer, ces hauts fonctionnaires qui étaient aux commandes de l’Algérie ont géré le pays comme une propriété privée en accaparant ses richesses et en les cédant à leurs enfants, amis et tous ceux qui mangeaient dans la main.
Durant une vingtaine d’années, ces quatre hommes politiques qui dirigeaient le FLN, le RND, TAJ et le MPA et qui ont occupé des postes de Premier ministre et ministres, ont uni leurs forces pour garder la scène politique sous leur emprise et taire toute voix discordante. Ils ont créé l’alliance pour une plus grande force de frappe et ont placé leurs hommes dans tous les postes clés pour se protéger. Une vraie stratégie qui leur a permis de se maintenir au pouvoir et d’en abuser. Et comme le pouvoir appelle l’argent, ils ont sombré dans le monde obscur des affaires. Prenant goût à la jouissance du pouvoir et à la vile opulence, ces ex-responsables, du haut de leur perchoir, ont cru pouvoir mépriser tout un peuple. Ils l’ont humilié à maintes reprises. Ils ont crié haut et fort qu’ils allaient élire leur candidat contre la volonté de tout un peuple. Ils ont assuré qu’ils se maintiendraient au pouvoir des dizaines d’années encore, qu’ils pouvaient contrôler la rue et que le peuple en colère ne le sait sûrement pas, mais il est heureux. Ils ont offert un cheval à un cadre, ensuite un cadre à un cadre et ont même affirmé que leur candidat était envoyé par Dieu pour sauver le pays ! Des énormités blessantes. Vivant en pleine illusion, ils n’ont rien vu venir et le tsunami populaire a fini par les emporter. Ils sont tombés l’un après l’autre et la chute a été terrible. Les Ouyahia, Djamel Ould Abbès, Amar Ghoul et Amara Benyounès n’ont pas été écartés de leurs postes pour des mauvais choix politiques ni pour avoir été des laudateurs à la solde du régime Bouteflika. Non, ils ont été mis en prison parce qu’ils ont vidé les caisses. Et ils ont été accompagnés à leur nouvelle demeure d’El Harrach par les cris de «klitou el blad ya serrakine» (vous avez ruiné le pays, ôh voleurs !), lancés par des millions d’Algériens. Un déshonneur. Pas seulement pour leurs familles mais aussi pour l’Algérie, le pays de Larbi Ben M’hidi, Didouche Mourad, Abane Ramdane et tant de glorieux autres chouhada. L’Histoire de l’Algérie restera ternie et pour toujours par cet épisode qui a vu presque tous ces hauts responsables être mis en prison. Comment ne serait-ce pas le cas puisque le pays était invraisemblablement géré par une bande de malfaiteurs ? Ignominieux et méprisable que de constater que l’appât immodéré de l’argent, comme celui du pouvoir, pousse des responsables à vendre leur dignité. Mais la dignité de millions d’Algériens a fini par l’emporter. Elle a réussi à mettre le panier de crabes composé des corrompus en cravate dans un système carcéral, le seul qui leur sied bien.