Trafic de documents administratifs et d’etat civil : La «TCHIPA» toutes pièces confondues

Trafic de documents administratifs et d’etat civil : La «TCHIPA» toutes pièces confondues

Un extrait 12 S a bien coûté 2000 dinars…

L’administration d’Oran gangrenée par les pratiques de certains individus autoproclamés intermédiaires

Les citoyens font face à l’appétit de ceux qui se sont autoproclamés intermédiaires. Faut-il croire que la corruption a gangrené tous les rouages de la mairie d’Oran ou simplement penser qu’il ne s’agit que de simples intermédiaires qui récoltent des prébendes pour service rendu ?

C’est la question que se posent de nombreux citoyens qui continuent de subir le diktat de certains individus qui squattent les abords du service d’état civil de la grande mairie pour proposer leurs services.

«Pour obtenir l’extrait de naissance 12 S, certains citoyens ont dû débourser pas moins de 2000 dinars, c’est une aberration mais que voulez-vous faire, on paye pour ne pas perdre un ou plusieurs jours à faire la queue devant l’entrée de la mairie», dira Houari, un quinquagénaire né à Oran mais qui habite actuellement dans la wilaya de Tiaret.

Il y a quelques années, le réseau mis en place par ces intermédiaires exigeait 200 dinars pour un extrait d’acte de naissance numéro 12 (original), mais aujourd’hui, inflation oblige, le tarif a doublé pour atteindre les 400 dinars. «C’est le prix à payer pour ne pas subir une longue attente.

Vous payez et vous allez vous placer au café de l’Hôtel de ville pour recevoir vos documents une heure plus tard», dira un autre citoyen qui ne manquera pas de souligner que ces pratiques sont favorisées par la précarité de la situation de certains employés. «Recrutés dans le cadre du filet social ou de l’emploi de jeunes, ils ne perçoivent qu’un salaire qui n’atteint guère les 4000 dinars et qu’ils ne touchent pas régulièrement.

Comment voulez-vous qu’un jeune qui vit cette situation ne soit pas tenté par ce genre de pratique ?», s’interrogera-t-il.

Le réseau, selon de nombreuses sources, s’appuierait sur des relais qui ont leurs entrées dans les rouages de l’administration. «ça va au-delà du simple extrait de naissance. Ils peuvent vous établir n’importe quel document. Ils peuvent vous procurer des témoins pour une cérémonie de signature d’acte de mariage, ils peuvent vous obtenir un rendez-vous pour cette cérémonie.

Ils sont partout, ils ont le bras long et ils ne reculent devant rien puisque le terrain est propice avec le fonctionnement actuel des services de la commune», diront plusieurs citoyens que nous avons approchés.

Des sources de la commune ont affirmé que les responsables sont au courant de ces pratiques et que les rares fois où ils ont eu des preuves ils ont réagi.

«Ils ont réagi à chaque fois mais pour démanteler ce réseau il faut le concours des citoyens. Il y a eu des licenciements, des dépôts de plainte.

A chaque fois où nous avons été sollicités nous avons pris les dispositions nécessaires», affirme notre source. Des citoyens que nous avons approchés citent le cas de certains écrivains publics qui feraient partie des rouages de ce réseau.

«Ils sont installés aux abords de la commune et ils ont leurs complices à l’intérieur des services. Il suffit de faire la demande de n’importe quel document pour les voir à l’œuvre. Ils peuvent se faire établir n’importe quel papier en deux temps trois mouvements», dira un citoyen.

Un écrivain public qui a tenu à garder l’anonymat ne manquera pas de fustiger ce qu’il a appelé une nouvelle race d’individus qui a squatté la corporation. «Ils ne savent même pas rédiger une simple demande administrative, mais ils excellent dans l’art de régler les problèmes des autres.

Que voulez-vous, les temps ont changé et les mœurs aussi. La corruption est partout et quand vous leur dites que ce qu’ils font est contraire à la loi et aux principes de la religion, ils vous riront à la face en vous répliquant que ce n’est point de la corruption mais tout juste un petit service rétribué, kahawti (mon café) et rien d’autre», affirme ce sexagénaire qui travaille depuis près de trente ans comme écrivain public.

F. Ben

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