Si l’Algérie ne constitue pas un terrain de consommation, elle est certainement un terrain de transit par excellence.
Trafic de drogue, l’autre défi auquel font face les forces de sécurité parallèlement à leur lutte sans répit contre le terrorisme. De grandes quantités ont été saisies, notamment ces dernières années à l’Ouest plus particulièrement. Et si l’Algérie ne constitue pas un terrain de consommation, elle est certainement un terrain de transit par excellence.
L’importance de la masse de drogue saisie par les différents corps de sécurité s’explique par le fait que les narcotrafiquants ont été destitués de leur premier assistant, les terroristes, à cause de la guerre au Mali et du contexte sécuritaire au Sahel. Les groupes armés comme cela a été prouvé durant le début des années 2000 par les forces de la Gendarmerie nationale, agissaient de concert avec les réseaux de trafic de drogue.
Le transit de la drogue était assuré par les terroristes en échange de l’argent. Le colonel Mohamed Tahar Ben Naâmane, directeur de la sécurité publique à la Gendarmerie nationale, est intervenu à ce sujet sur les ondes de la Chaîne III, pour préciser que durant l’année précédente pas moins de 73 tonnes de résine de cannabis ont été saisies, en plus des 40 tonnes durant le premier trimestre de l’année en cours. Il souligne à ce propos: «Ces quantités ont été saisies à travers plusieurs wilayas du pays, notamment les wilayas de l’Ouest, dont Tlemcen, vu que ces quantités de drogue proviennent en totalité du Maroc, considéré comme le plus grand producteur au monde, avec une quantité avoisinant les 100.000 tonnes.»
L’invité de la Chaîne III ne cache pas «l’évolution inquiétante du trafic et stupéfiants durant les trois dernières années», dont les chiffres font état de l’inscription de 3147 affaires de trafic illicite de stupéfiants qui s’est soldé par l’arrestation de 3319 personnes dont 21 sont de nationalité étrangère. En dépit de ces chiffres effarants, le haut cadre militaire dont le professionnalisme et l’expérience ne sont plus à démontrer a su avec pertinence illustrer une distinction réelle du terrain, en rassurant: «Cela ne fait pas de l’Algérie un pays de consommation, mais plus un pays de transit», avant d’ajouter: «Une étude effectuée durant les années 2010-2011 par l’Institut national de la criminologie a démontré que les quantités saisies devaient transiter, soit vers la Libye, la Tunisie soit le Niger pour être ensuite transférées vers l’Europe ou le Moyen-Orient.»
Le colonel Ben Naâmane énonce dans son intervention que «les circuits utilisés par les narcotrafiquants ne sont pas toujours définis», d’où l’adaptation de ces derniers aux situations circonstancielles. De même pour les forces de sécurité aptes à conjuguer leur lutte à tous les procédés conjoncturels. Pour l’hôte de la Chaîne III «avec la guerre au Nord-Mali, les narcotrafiquants ne sont plus en situation de payer les terroristes pour les aider à faire passer leurs quantités de drogue. Ils ont préféré affronter directement les services de sécurité algériens, et cela explique les grandes quantités saisies sur le territoire». Très réaliste dans son analyse, le colonel Ben Naâmane atteste que «quelle que soit la technologie mise en place, le trafic de drogue existera, vu que c’est un créneau porteur». Pour lutter contre la criminalité organisée dont à l’évidence le trafic de drogue, l’Algérie s’est engagée par la mise en place d’un important dispositif sécuritaire, mobilisant 1300 brigades de la Gendarmerie nationale, 28 sections de recherche, huit brigades de recherche et des unités de gardes-frontières comptant 25.000 hommes. Dans ce contexte, le département d’Etat américain avait noté dans un récent rapport qu’ «avec des frontières longues et poreuses avec le Maroc, le Sahara occidental, la Mauritanie, le Mali, le Niger, la Libye et la Tunisie, il est difficile, pour les forces de sécurité algériennes, de débusquer et d’arrêter tous les contrebandiers».
Le même rapport rendu public en mars dernier confirmait que «l’Algérie est davantage un pays de transit, en particulier de haschich à destination de l’Europe, qu’un lieu de production ou de consommation». L’Algérie a-t-on encore souligné «est devenue, malgré elle, une plaque tournante du trafic de ces poisons». Dans ce même rapport, le département d’Etat américain reconnaît que «le gouvernement algérien a pris un certain nombre de mesures pour lutter contre le problème de la drogue, dont une augmentation des effectifs chargés de lutter contre ce fléau, une meilleure formation et l’acquisition d’équipements plus modernes», en rappelant que «l’Algérie a élaboré une stratégie quinquennale (2011-2015), pour traiter plus efficacement le problème de la drogue». Sur le plan législatif, le DEA souligne que «l’Algérie a des lois sévères contre les infractions liées aux drogues, avec des peines allant jusqu’à deux années pour la consommation de drogue et de 10 à 20 ans pour le trafic et la vente de drogue».
L’Algérie qui est partie prenante des trois conventions de l’ONU de lutte contre le trafic illicite de stupéfiants, la corruption et la criminalité transnationale organisée, «n’encourage pas et ne facilite pas la production ou le transport des drogues», ajoutait le DEA.