Constat alarmant et non moins terrible du ministre des Transports, Boudjemaa Talaï, sur son secteur, autant pour Air Algérie que pour le transport ferroviaire et maritime de marchandises.
Le ministre a relevé, lors de son passage dimanche à l’émission «L’invité de la rédaction» de la radio chaîne 3, que la SNTF est, financièrement, dépendante des subventions publiques, car elle accuse un énorme déficit. S’il n’a pas donné un chiffre précis sur ce déficit, il a par contre souligné que la subvention de l’Etat est de 7 milliards de dinars en 2014. «La recette des trains est nulle.
Il y a la fraude, les gens montent en train et ne paient pas», indique-t-il pour justifier ce passage catastrophique de la SNTF sur le plan financier. ’La SNTF si elle ne fait pas de recettes, les charges sont là, et la subvention ne fait qu’augmenter. La subvention pèse encore plus lourd sur le budget de l’Etat », a-t-il expliqué, avant de relever que le transport ferroviaire de marchandises est ’un autre problème ».
‘C’est un problème de demande, il faut être agressif à ce niveau-là », a-t-il préconisé, avant d’annoncer que les zones industrielles et les ports ’seront branchés au réseau ferroviaire ». M. Talaï, qui a annoncé que la desserte ferroviaire Constantine-Jijel sera rouverte au mois de janvier 2016, a par ailleurs révélé que ’la SNTF n’a pas les moyens d’ouvrir toutes les nouvelles lignes programmées : il y a un problème de voitures, d’autorails en panne, de pièces de rechange »
Pour autant, il a démenti que la SNTF sera privatisée. «Ce n’est pas possible de privatiser comme cela une entreprise, même si elle est rentable. La SNTF perd de l’argent, donc, un investisseur ne peut venir » investir dans cette société, qui perd de l’argent, explique le ministre. Par ailleurs, il a annoncé que de nouvelles dessertes seront ouvertes d’ici à juin 2016, notamment la ligne Birtouta-Zeralda, dans la wilaya d’Alger, ou la ligne à grande vitesse Tlemcen-Tlélat.
Le réseau étant en expansion, il faut donc du personnel bien formé pour l’exploiter, a-t-il laissé entendre, avant d’affirmer que 12 à 13.000 travailleurs gèrent 4.000 km de réseau, et avec la livraison des 2.300 km en cours de réalisation, «il faut donc être en mesure de les exploiter». «Donc, il n’y a pas de suppression de personnels, mais un recrutement, à charge pour les travailleurs d’améliorer les prestations et de faire de ce train un moyen de transport fiable», a préconisé M. Talaï.
AIR-ALGERIE DOIT SE «RESSOURCER»
Plus dur est encore le constat du ministre des Transports sur le fonctionnement de la compagnie aérienne nationale. ’Air Algérie doit se réorganiser, sinon elle est fichue », estimant qu’elle a pratiquement perdu toutes ses couleurs », avant de nuancer ses propos en relevant qu’elle ’est en train de les reprendre » avec un nouveau plan d’organisation. ’Elle est dans le bon chemin, notre objectif est de la remettre à niveau, prendre un avion propre et un service adéquat, avec la ponctualité », explique M. Talaï à propos de la situation d’Air Algérie, qui a ajouté qu »’on va faire de Tassili Airlines une Air Algérie bis ».
Il a par ailleurs promis que le Hadj 2016 sera encore meilleur que celui de 2015, avant de confirmer que la flotte du pavillon aérien national va s’améliorer en juin 2016 à 57 appareils. Car ’plus vous augmentez la flotte et plus vous n’aurez pas de problème de ponctualité ». Pour autant, le vrai problème actuellement d’Air Algérie est le manque de pilotes, a-t-il relevé, avant d’expliquer que la compagnie fait ce qu’il faut pour résoudre ce problème, en particulier par la formation.
Enfin, le transport maritime de marchandises est une vraie plaie du secteur. Le pavillon national ne compte que six navires seulement. «Il y a un plan de renforcement de la flotte et on passera à 26 bateaux pour transporter au moins 30% de nos marchandises, ce qui va donner une économie de 1,5 md de dollars» au pays, a-t-il dit. Le pavillon maritime national ne couvre actuellement que seulement 2% du transport de marchandises, indique le ministre qui a assuré que le programme d’acquisition de nouveaux navires porte sur «du neuf et de l’occasion».
D’autre part, il a assuré que des projets de tramways ont été différés, crise financière oblige, et d’autres supprimés, alors que le permis à points est annoncé pour début 2016, le fichier étant fait au niveau de l’Intérieur.