Traite des personnes : Le coup de gueule de Saïda Benhabyles

Traite des personnes : Le coup de gueule de Saïda Benhabyles

C’est à l’hôtel Mercure d’Alger, qu’a eu lieu la célébration de la Journée mondiale de la dignité des victimes de la traite des personnes. C’est là un sujet phare qui préoccupe de plus en plus les plus hautes autorités des pays touchés par le fléau de la traite des personnes qui relève de la criminalité au vu des conséquences dramatiques pour toute société. 

L’acuité d’un tel phénomène des temps modernes a été mise en avant par les différents invités à cette journée dont l’ambassadeur des Etats-Unis, le représentant du système onusien (Onuduci), celui de l’Union européenne, Mourad Adjabi, le président du Comité national de lutte contre la traite des personnes, les délégués des différents corps de sécurité, des représentants du corps diplomatique accrédités à Alger à l’exemple de celui de la République sahraouie.

Les intervenants ont tous été d’accord pour réaffirmer le caractère criminel et transnational de la traite des personnes. Cette Journée mondiale qui se veut être une journée annuellement célébrée, a donc pour principal objectif la sensibilisation et du public le plus large et des divers services de sécurité en charge de la préoccupation majeure au cours de cette journée d’appréhender le problème dans tous ses aspects, chiffre à l’appui. Ainsi pour l’ambassadeur des Etats-Unis, la traite des personnes n’est pas propre à un seul pays sachant, dit-il, qu’elle a déjà fait 25 millions de victimes dans le monde en ajoutant que son pays en a fait, désormais, une priorité nationale.

Conflits armés, déplacements des populations, réseaux de migrations ont un impact direct sur l’exploitation sexuelle, l’apparition des enfants soldats, la traite d’organes et le travail des enfants. Il suggère une approche à plusieurs niveaux allant de la coordination des comités de lutte dans le monde à une approche politique qui a amené le représentant de l’Union européenne à mettre en avant l’importance stratégique de l’aide au développement affirmant que l’Europe est ainsi le plus grand donateur, sans prétendre donner des leçons à quiconque. 

Les communicants dans cette Journée mondiale ont, donc, accordé une attention toute particulière avec les tenants et aboutissants de ce problème de la traite des personnes, souvent chiffres à l’appui. 
Le trafic d’êtres vivants génère 5,5 milliards de dollars, ce qui le place à la troisième place dans les crimes organisés dans le monde, après celui des ventes d’armes et de l’héroïne. La traite touche 21% les hommes, 49% les femmes, 29% les mineurs et 7% les enfants. Terre de transit, l’Algérie est devenue une destination ou un refuge forcé du fait de l’impossibilité de rejoindre un pays d’Europe.

Dans son intervention, le représentant du Commandement de la gendarmerie rappellera que c’est sur proposition de l’Algérie que la mendicité a été ajoutée aux autres crimes et qu’une loi a été ajoutée à l’arsenal juridique de répression de la traite des personnes. A noter qu’entre 2013-2016, on a enregistré 225 victimes dont 72% sont des femmes, expliquera le président du Comité national de prévention et de lutte contre la traite des personnes qui comprend des représentants de plusieurs ministères et institutions publiques (Gendarmerie, DGSN). 

Au demeurant, le protocole additionnel à la Convention de Palerme a explicité dans son article 3a, l’expression (traite des personnes) désigne le recrutement, le transport, l’hébergement ou l’accueil des personnes, par la menace, la violence, la tromperie, l’abus d’autorité… en vue de susciter un état de vulnérabilité de la personne pour son exploitation sexuelle, prélèvement d’organes, esclavage moderne ou pratiques analogues. Il faut casser les tabous, dira la représentante de la DGSN, parlant de la violence sexuelle sur l’enfant, «une réalité bien réelle chez nous». 

Prévention-répression des actes de la traite est le mot d’ordre pour tous. Saïda Benhabyles, la présidente du Croissant-Rouge algérien se dit fière que notre pays soit relativement épargné par ce phénomène de la traite et des lois en vigueur. Cependant, il faut réduire les facteurs de vulnérabilité, approfondir les études des causes de la traite des personnes dont le phénomène migratoire. Et comme pour mieux exprimer sa pensée profonde devant l’assistance : «Je dois tirer la sonnette d’alarme, c’est l’intervention de l’Otan en Libye qui est la cause de tous ces malheurs.»

Brahim Taouchichet