Chaque année, les services de santé enregistrent 45 000 nouveaux cas. La facture des traitements est de plus en plus lourde. Selon le Dr Farid Benhamdine, président de la Société algérienne de pharmacie,
qui intervenait hier sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, «63% des médicaments importés par la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) sont destinés à l’oncologie», alors que ce taux dépassait à peine les 10% auparavant. L’industrie des traitements ciblés (cancer, diabète…) a connu, pratiquement, la même évolution au niveau mondial.
« Elle a été multipliée par 4,5 en 25 ans », a expliqué Dr Benhamdine relevant, qu’en 1990, la dépense mondiale était de 200 milliards de dollars pour passer à 900 milliards de dollars en 2015, dont 107 milliards (12%) sont des médicaments anticancer.
Pour donner une image sur la cherté de ce genre de produit, il note qu’«un milligramme d’un médicament coûte 4 000 fois le milligramme d’or».
Au-delà des bons signes positifs que renvoient ces chiffres, traduisant, entre autres, la disponibilité des soins et le dépistage des maladies, le président de la SAP a pointé du doigt « le monopole sur ces produits pharmaceutiques ».
«Ce qui augmente la facture, ce sont les médicaments issus de la biotechnologie et qui sont sous le monopole de 3 ou 4 laboratoires», a-t-il déploré. S’appuyant sur une récente étude, Dr Benhamdine n’a pas écarté une augmentation de 50% de la facture mondiale des médicaments anticancer d’ici 2020. «Les laboratoires disent que c’est la recherche qui coûte cher, mais c’est faux.
D’après les documents en ma possession, seulement 15 à 20% du chiffre d’affaires sont consacrés à la recherche, tandis que 20 à 30 % vont au marketing et 15 à 20 % représentent des profits», a-t-il fait savoir. «Cette logique tout à fait commerciale et normale mais immorale», a-t-il soutenu. L’Algérie, qui dépense chaque année 40 milliards DA dans l’importation des médicaments anticancer, risque d’être pénalisée. «Ne vous attendez pas à ce que l’enveloppe du médicament diminue. L’Algérie essaye de ne pas la laisser augmenter de manière débridée», prévient le président de la Société algérienne de pharmacie.
Pour se prémunir contre cette hausse, il a recommandé de renforcer la prévention avec le dépistage systématique, l’hygiène de vie et l’amélioration de l’environnement, d’autant quand on sait que «90% des cas de cancer proviennent de notre environnement».
En plus de la prévention, le Dr. Benhamdine préconise le renforcement de la production locale et son encouragement pour un passage à la production des molécules et des traitements ciblés. «L’industrie pharmaceutique algérienne se porte bien, mais elle doit faire beaucoup mieux en diversifiant sa production et en se regroupant pour créer des centres de recherches afin de passer à la production d’autres molécules», a-t-il insisté.