La médecine nucléaire utilise des radiopharmaceutiques qui ciblent des tumeurs spécifiques, telles que les métastases de la prostate, de la thyroïde et des os. Celles-ci irradiant les lésions tumorales dans le but de guérir, d’atténuer ou de contrôler la maladie. Les composés radioactifs peuvent cibler une zone spécifique du corps ou l’organisme tout entier.
Selon l’AIEA, « la médecine nucléaire consiste à administrer aux patients, en quantités faibles et sans danger, des composés contenant des matières radioactives — les radiopharmaceutiques — qui peuvent servir à des fins de diagnostic et de traitement. »
Dr Kezban Berberoğlu, spécialiste en médecine nucléaire, explique les dernières avancées réalisées dans la discipline…
Gallium-68 PSMA PET-CT (caner de la prostate)
Il s’agit de la technologie d’imagerie la plus performante à l’heure actuelle. On l’utilise pour évaluer la propagation du cancer de la prostate à d’autres organes ou tissus. L’agent spécifique de la prostate (PSA) se lie au radio-isotope gallium-68 administré par voie intraveineuse. Une imagerie PET-CT est alors réalisée. En se liant à des molécules spéciales dans les cellules cancéreuses de la prostate, le gallium-68 PSMA permet la visualisation des tissus cancéreux. Dans cette méthode, le médecin n’administre pas au patient un rayonnement à très haute dose.
Comment se déroule le procédé PET-CT Gallium-68 PSMA ?
L’imagerie doit être programmée un jour à l’avance. On attend 45 à 60 minutes après l’administration de l’agent par voie intraveineuse. Lorsque le patient est dans l’appareil, l’imagerie prend environ 20 minutes et celui-ci ne doit pas bouger pendant cette période. Le processus peut prendre au total 2 à 3 heures. On recommande au patient de boire beaucoup d’eau avant et après l’imagerie, car les radiations restent dans le corps pendant un certain temps (8 à 12 heures). Il faut se tenir éloigner des femmes enceintes et des enfants.
Gallium-68 DOTA-TATE PET-CT (tumeurs neuroendocrines)
C’est la technologie la plus avancée à ce jour dans le diagnostic des tumeurs neuroendocrines. Les cellules tumorales neuroendocrines possèdent à leur surface un récepteur spécial (protéine sensorielle) appelé « somatostatine ». DOTA-TATE est un composé peptidique capable de se lier à ces récepteurs. Lorsqu’il est associé à l’agent radioactif « Gallium-68 », les tissus contenant des cellules tumorales peuvent être visualisés avec une grande précision sur l’appareil PET-CT. Le rayonnement à très haute dose n’est pas nécessaire dans cette méthode également.
Thérapie au LUTETIUM-PSMA (cancer de la prostate avancé)
La thérapie au lutétium-PSMA (177Lu-PSMA) est utilisée pour les patients atteints d’un cancer de la prostate à un stade avancé. Le but de cette thérapie est de réduire la taille de la tumeur et d’arrêter la croissance des cellules tumorales. On peut ainsi contrôler la progression de la maladie. Il est aussi possible de soulager les symptômes avancés de la maladie, tels que la fatigue et les douleurs osseuses diffuses. L’oncologue recourt à la thérapie au lutétium lorsque la maladie progresse, ou lorsque le patient ne peut pas tolérer les effets secondaires de la chimiothérapie.
La thérapie au LUTETIUM-PSMA est-elle sans danger ?
Le rayonnement utilisé dans le cadre de la thérapie au lutétium est conçu pour tuer les cellules cancéreuses. Injecté dans le corps, le PSMA se dirige vers la tumeur et cible les cellules cancéreuses. Outre les cellules cancéreuses de la prostate, le PSMA se trouve également dans les glandes salivaires, les glandes lacrymales et les reins. Par conséquent, ces tissus peuvent également être exposés à des rayonnements. Toutefois, l’effet est faible puisque le PSMA adhère directement aux cellules cancéreuses. Bien que cette thérapie n’engendre pas les effets secondaires destructeurs de la chimiothérapie, chez certains patients elle peut provoquer quelques signes indésirables tels que la bouche sèche, la fatigue passagère ou la baisse temporaire des valeurs sanguines.
Thérapie au LUTETIUM-DOTA-TATE (cancer neuroendocrinien avancé)
La thérapie au lutétium-octréotide (Lutétium-DOTA-TATE) est utilisée chez les patients atteints d’un cancer neuroendocrinien avancé. Le but de cette thérapie est de réduire la taille de la tumeur et de stopper la croissance des cellules tumorales. On peut ainsi contrôler la progression de la maladie et soulager le patient de ses effets désagréables. L’oncologue emploie la thérapie au lutétium-octréotide lorsque le cancer progresse ou lorsque le patient ne supporte pas les effets secondaires d’autres thérapies.
La thérapie au LUTETIUM-DOTA-TATE est-elle sans danger ?
Le rayonnement de la thérapie au lutétium-octréotide est conçu pour tuer les cellules cancéreuses. Injectées dans l’organisme, des molécules intelligentes ciblent les cellules cancéreuses lors de leur cheminement vers la tumeur. Outre dans les cellules cancéreuses, les récepteurs de la somatostatine se trouvent dans de nombreux autres organes. Par conséquent, ces derniers peuvent également être exposés à des rayonnements. Toutefois, l’effet reste faible. De plus, comme les molécules intelligentes adhèrent directement aux cellules cancéreuses, celles-ci ne présentent aucun des effets secondaires de la chimiothérapie. Chez certains patients, quelques effets indésirables, comme la diminution temporaire des valeurs sanguines, peuvent cependant se manifester.
Thérapie au radium (cancer de la prostate avec métastases osseuses)
La thérapie au radium est utilisée dans les cas où le cancer de la prostate a provoqué des métastases osseuses. Le but de cette thérapie est de détruire les cellules cancéreuses dans les os, permettant ainsi aux tumeurs de rétrécir, voire de disparaître. En plus de son effet thérapeutique, la thérapie au radium soulage les douleurs causées par les métastases osseuses.
La thérapie au radium est-elle sans danger ?
Le niveau d’énergie du rayonnement de la thérapie au radium est élevé, son pouvoir destructeur est donc important. Toutefois, ce rayonnement de type alpha ne peut parcourir que de très courtes distances (de 2 à 10 cellules). Le rayonnement de type alpha détruit les cellules cancéreuses de l’os et n’affecte pas les cellules saines. Les rares effets secondaires de cette thérapie consistent en une diminution temporaire des valeurs sanguines. Par conséquent, le médecin doit contrôler le patient à intervalles réguliers après le traitement.
Thérapie à l’actinium (cancer de la prostate métastatique avancé)
Il s’agit d’une thérapie utilisée chez les patients atteints d’un cancer de la prostate métastatique avancé. Son but est de réduire la taille de la tumeur, d’arrêter la croissance des cellules tumorales et de les détruire. On privilégie les thérapies par radionucléides lorsque la maladie progresse ou quand les autres traitements (chimiothérapie) sont inefficaces ou non tolérés par le patient.
La thérapie à l’actinium est-elle sans danger ?
Le rayonnement injecté dans le cadre de la thérapie à l’actinium (AC-225) est conçu pour tuer les cellules cancéreuses. Outre les cellules cancéreuses de la prostate, le PSMA se trouve également dans les glandes salivaires, les glandes lacrymales et les reins. Par conséquent, les rayonnements peuvent aussi atteindre ces tissus. L’effet est cependant très faible. Et du moment que le PSMA adhère directement aux cellules cancéreuses, celui-ci n’entraine pas les graves effets secondaires de la chimiothérapie. Les effets indésirables observés chez certains patients sont : la bouche sèche, la fatigue passagère et la baisse temporaire des valeurs sanguines.