Transition énergétique, L’équation énergétique mondiale profondément modifiée

Transition énergétique, L’équation énergétique mondiale profondément modifiée

Devant la régression des exportations des hydrocarbures conventionnels et compte tenu du nouveau contexte économique du marché mondial de l’énergie, de plus concurrentiel et compétitif, l’avenir énergétique de l’Algérie suscite des inquiétudes. Il est l’objet de vives polémiques et de questionnements.

La question est de savoir si les énergies non conventionnelles et/ou renouvelables sont incontournables dans le mix énergétique national à l’horizon 2030. Existe-il d’autres alternatives ?

« Il faut se rendre à l’évidence que le marché pétrolier mondial est bel et bien entré dans une phase où l’offre croît plus vite que la demande, un nouvel ordre pétrolier mondial se dessine!».

Le marché mondial du pétrole est entré dans une phase de surabondance de l’offre en pétrole. Avec d’un côté, une offre de pétrole qui a été stimulée en particulier par le pétrole et le gaz de schiste américains, mais également la concurrence que se font les énergies entre elles, et de l’autre côté, un ralentissement de la demande mondiale d’énergie à cause d’une conjoncture économique particulièrement dégradée.

L’équation énergétique mondiale se trouve profondément modifiée. Au niveau international, chaque pays adapte sa politique énergétique en fonction de ses ressources d’énergies, de sa demande énergétique interne et de ses besoins d’investissements, afin de préserver leur économie. Les Américains, en optant résolument pour l’exploitation du gaz de schiste, viennent de bouleverser en profondeur le marché énergétique mondial.

La Chine, pour sa part, affiche ses ambitions dans la bataille énergétique planétaire qui se profile à l’horizon 2030. Aux Etats-Unis d’Amérique, la production de pétrole est passée d’une moyenne de 5 millions de baril/jour en 2008 à 8,5 millions de baril/jour en 2014, grâce à l’exploitation de pétrole de schiste. Il est prévu qu’ils atteignent 9,5 millions de baril/jour en 2015. Ce qui équivaut à l’arrivée sur le marché mondial de pétrole d’un nouveau producteur de la taille de l’Irak et de Qatar réunis.

En l’espace de quelques années, l’exploitation du gaz de schiste a porté la production américaine au même niveau de celle de l’Arabie Saoudite.

Dans le même temps, l’agence internationale de l’énergie(AIE) prévoit que les Etats-Unis d’Amérique deviendront le premier producteur mondial d’hydrocarbures non conventionnels, notamment en gaz de schiste, vers 2020, et un exportateur net de brut vers 2030.

Ils sont déjà talonnés par la Chine qui accélère son programme de développement du gaz de schiste (les réserves exploitables de gaz de schiste pour la Chine s’élèveraient à près de 35 000 milliards de m3 et celles des Etats-Unis, à environ 25 000 milliards de m3).

A l’horizon 2020, les USA et la Chine domineront le marché mondial du gaz et imposeront leurs prix. Le centre de gravité mondial de la fourniture d’énergie va se déplacer du Moyen-Orient aux Etats-Unis. Selon l’AIE, la part du gaz non conventionnel dans la production mondiale du gaz passera de 16% en 2013 à 26% en 2035.

Par ailleurs, les énergies renouvelables resteront des énergies concurrentes majeures du gaz. Les énergies renouvelables recèlent le plus d’innovations. Les prévisions de l’AIE donnent le solaire, première source d’énergie au monde d’ici 2050. Les 2/3 de la production électrique dans le monde pourraient devenir éolienne et solaire.

La répartition des quotes-parts des produits énergétiques dans le monde est comme suit : le pétrole représente aujourd’hui 32%, puis vient le charbon avec 27% (malgré son caractère polluant), suivi par le gaz naturel avec 25%, le renouvelable (le solaire, l’éolienne, l’hydraulique) représente que 10%. Dans cette reconfiguration stratégique du marché énergétique mondial, où se situera l’Algérie à l’horizon 2020-2030 ? (A suivre)

Kamel Ait Cherif (L’Éco n° 110 du 16 au 30 avril 2015)