Les transporteurs privés menacent d’aller vers une grève générale et paralyser toutes les dessertes à l’échelle nationale.
Le président de la Fédération nationale des transporteurs privés, Abdelkader Boucherit confirme cette option «inéluctable» imposée par les conditions de travail devenues «insupportables». Anarchie et saturation des lignes sont, entre autres, les principales contraintes rencontrées par les transporteurs de voyageurs.
«Nous avons saisi le ministère de tutelle depuis plusieurs mois mais sans que des mesures concrètes ne soient prises pour régler les problèmes», regrette-t-il. Pire, il déclare que «le ministre des Transports ne veut pas travailler avec les syndicats». La situation est devenue intenable que ce soit pour les usagers ou les transporteurs. La problématique de la tarification reste entière, notamment dans les zones rurales.
Certains transporteurs «travaillent à perte ou parviennent à peine à rentabiliser leur journée», révèle-t-il. Et pour cause, les tarifs sont restés inchangés depuis des années. «Nous avons proposé au ministère une solution consistant en de petites augmentations des prix et la compensation du manque à gagner par l’allégement des charges, mais en vain». A cela, il faut ajouter le casse-tête des routes, souvent impraticables, qui mettent à rude épreuve le véhicule.
Aussi, M. Boucherit a exprimé sa colère contre le rythme effréné dans l’attribution de nouvelles autorisations d’exploitation des lignes. Il explique que l’octroi de nouvelles autorisations d’exploitation se fait sans que les directions de wilaya ne prennent en considération les besoins réels exprimés.
«Alors que des lignes souffrent de manque, voire d’absence flagrante de moyens de transport, d’autres sont saturées à telle enseigne que l’anarchie est devenue quasi quotidienne et dépasse tout entendement», se désole le président de la Fédération nationale des transporteurs privés affiliée à l’UGCAA.
Il affirme que certaines localités rurales ne disposent toujours pas de transport de voyageurs. Et pour cause, la tutelle tarde à mettre en place un plan national des transports tel qu’il a été proposé par le syndicat.
«Aucune étude n’a été effectuée pour déterminer les besoins et les priorités», souligne M. Boucherit. Pourtant, seule une telle étude pourra identifier et prendre en charge les dessertes souffrant de manques et permet-tre ainsi aux transporteurs de travailler sur des lignes rentables et organisées tout en facilitant l’accès des citoyens aux moyens de transport.
Devant cette situation qui dure depuis des années, les transporteurs déclarent n’avoir d’autre choix que celui de la protestation. «Le ministère n’a affiché aucune volonté de prise en charge de nos doléances», rappelle-t-il, ajoutant que le transport privé en Algérie emploie pas moins de 1 million de personnes entre chauffeurs et receveurs.
La majorité travaille dans les localités reliant les régions et bourgades des wilayas de l’intérieur du pays. Selon lui, ces zones sont abandonnées par les grands investisseurs et les autorités publiques qui ne déploient leurs moyens de transport qu’au niveau des villes et agglomérations les plus rentables.
Aomar F.