Trappes : tentative de suicide de l’adolescente voilée qui avait porté plainte pour agression

Trappes : tentative de suicide de l’adolescente voilée qui avait porté plainte pour agression

Une jeune fille voilée de 16 ans, qui affirmait s’être fait agresser par des skinheads à Trappes (Yvelines) le 12 août dernier, a tenté lundi soir de mettre fin à ses jours en sautant du quatrième étage de son domicile.

Elle disait avoir été violentée par des skinheads, le 12 août dernier. Cette adolescente musulmane qui avait porté plainte mi-août à Trappes pour une agression à caractère islamophobe a tenté de se suicider lundi 26 août en se défenestrant. L’état de la jeune fille de 16 ans était qualifié de préoccupant dans la soirée par la préfecture des Yvelines.

Selon une source policière, la jeune fille s’est jetée du 4e étage de son immeuble, peu après 19h. Grièvement blessée, elle a d’abord été admise, consciente, à l’hôpital Percy à Clamart, avant d’être transférée à l’hôpital parisien Georges Pompidou. La jeune fille avait déjà fait une précédente tentative de suicide en avalant des médicaments, il y a trois jours, le 23 août, a également précisé la police.

Fourgons de CRS contre cellule d’écouteLa situation à Trappes, située à 35 km à l’ouest de la capitale, était calme dans la soirée, ont indiqué les sources préfectorale et policière. Huit camions de CRS stationnaient devant le commissariat, dans le quartier des Merisiers, où s’étaient concentrées les échauffourées du mois dernier, a constaté un journaliste de l’AFP.

Quelques petits groupes de personnes se promenaient en ville et discutaient, mais sans aucune tension apparente. »Ce qu’on peut déplorer, c’est qu’après un événement qui a secoué une famille et tout un quartier on envoie des fourgons de CRS, au lieu d’organiser une cellule d’écoute », déclarait un habitant qui n’a pas souhaité donner son nom, dans le quartier où vit la jeune fille.

« En envoyant la police, on semble nous considérer comme des ennemis potentiels, alors qu’une famille est dans la peine », regrettait-il. « Ce n’est pas la réponse appropriée, autant ne rien faire, si c’est pour envoyer des fourgons de CRS! », s’indignait un autre habitant.

Durant trois nuits à la mi-juillet, des émeutes avaient éclaté à proximité du commissariat, après que des policiers eurent voulu contrôler une femme portant un voile intégral sur la voie publique, ce qui est interdit depuis 2011. Le contrôle avait dégénéré et son mari, un homme de 21 ans converti à l’islam, soupçonné d’avoir tenté d’étrangler un policier, avait été placé en garde à vue.

Un mois plus tard environ, le 13 août, une jeune fille avait porté plainte, disant avoir été victime d’une agression à caractère islamophobe alors qu’elle était voilée.

Voile arraché

Les faits, qu’aucun témoin visuel n’avait pu corroborer, étaient survenus la veille selon elle, à proximité du square Berlioz. Deux hommes auraient abordé l’adolescente, lui montrant un « objet tranchant ». Ils lui auraient par la suite arraché son voile et porté un coup à l’épaule, selon une source judiciaire.

Selon cette même source, qui rapportait les éléments de témoignage de la jeune fille, les faits auraient été doublés d’insultes à caractère islamophobe et les agresseurs, de « type européen », dont un avait le crâne rasé, auraient pris la fuite en voiture.

A l’époque, le ministre de l’Intérieur Manuel Valls avait « condamné avec sévérité » l’agression dont avait été victime la jeune fille, la qualifiant de « nouvelle manifestation de haine et d’intolérance anti-musulmane (portant) atteinte aux valeurs de la République et au principe de liberté de conscience ».