C’est hier, en soirée, qu’a été donné le coup d’envoi de la 9e édition du festival itinérant du théâtre arabe. La cérémonie d’ouverture a eu lieu à Oran dans la somptueuse salle du Centre des conventions Ahmed Ben Ahmed, jouxtant l’hôtel Méridien, pour une édition qui aura lieu aussi bien dans la métropole de l’Ouest algérien qu’à Mostaganem, où aura lieu la cérémonie de clôture et la remise des prix aux lauréats, ont affirmé hier les organisateurs.
«Un exploit», ajoutent les artistes et les professionnels du 4e art qu’on a commencé à croiser hier dans la ville comme dans les lieux où le festival se déroule. La prouesse, selon eux, est dans le fait d’avoir pu tenir ce rendez-vous artistique dans un contexte de crise et de manque d’argent. Elle est dans le fait d’avoir pu lui préserver son «cachet international prestigieux» : plusieurs grands noms du théâtre maghrébin et moyen-oriental sont en effet attendus à Oran pour une compétition à laquelle prennent part huit créations théâtrales, tandis que huit autres sont programmées en «off», selon le jargon usité, c’est-à-dire hors compétition. Les huit pièces en compétition sont en lice pour le prix Soltane Ben Mohammed Al Kacimi sous le signe et en hommage au dramaturge et grand comédien de théâtre Azzedine Medjoubi, mort assassiné par des islamistes en 1995. Le Prix Al-Kacimi est dotée de 100 000 dirhams émiratis, soit l’équivalent de 27 000 dollars. Il récompensera la meilleure œuvre théâtrale en compétition officielle. Dans cette catégorie, l’Algérie est présente avec «Thoulth El Khali» (No man’s land) de Tounès Aït Ali du Théâtre régional d’El Eulma ; une pièce qu’on n’a pas encore vue, mais que les critiques présentent comme un «bon cru» et une «valeur sûre» pour avoir raflé pas moins de six récompenses au dernier festival international du théâtre en Jordanie en 2016 : meilleure œuvre, meilleure interprétation féminine et meilleur texte dramatique. La pièce algérienne est en concours face à la création du koweitien Ali Al Hussein, «Al Qalaâ», des dramaturges marocains
Asmaâ Houari et Dhaif Bousselham pour leurs pièces respectives, «El Kharif» et «Koul chai a’n abi» (Tout sur mon père). La Tunisie est représentée par Walid Daghsani pour «Thawrat DonQuichotte» (La révolte de Don Quichotte), la Jordanie par Abdelkrim Al Jarrah pour «al wahchi», l’Irak par Mustapha Settar Al Rikabi avec «Ya rab» et l’Egypte, enfin, par Chadi Dali pour «Al khalta al sihria li saada». Des créations de haute volée, affirment, ici à Oran, les journalistes connaissant déjà ces pièces théâtrales et qui, selon eux, sont «représentatives des nouvelles tendances» en matière d’écriture dramaturgique dans le monde arabe. A voir, donc. Même si les pièces inscrites au répertoire hors compétition ne sont pas des moindres également : «Foundok El Alameyne», une adaptation par l’Algérien Ahmed Aggoune de la pièce du dramaturge français Eric-Emmanuel Schmidt, «Hôtel des deux mondes», «Les Saints» de Nabil Ben Sekka du théâtre régional d’El Eulma, «Zay Ennas» de l’Egyptien Hani Afifi d’après un texte de Bertold Brecht, «Kharif» de l’Irakien Samim Hasballah, «Doukha» (Vertige) de la Tunisienne Zahra Zemmouri, «Majnoune» du Tunisien Tewfik El-Djebbali d’après l’œuvre éponyme de Jibrane Khalil Jibrane, «Zombie wal khataya el aachra» de l’Egyptien Tarek Douiri et «Nafida» (La fenêtre) du Syrien Majd Fedha. Une édition 2017 fort riche en spectacles de création théâtrale, donc, ouverte hier par «Hizia» pièce librement adaptée du célèbre poème de Mohamed Benguittoune, grand barde algérien du XIXe siècle, écrite par le ministre de la Culture Azzedine Mihoubi et mis en scène par le jeune Faouzi Ben Brahem. Le baisser de rideau sera assuré, lui, par la «Rihlat Hob» de Fouzia Aït El Hadj d’après un texte du regretté Omar Bernaoui.