Le procès de l’assassinat du chantre de la chanson kabyle, Matoub Lounès, pourrait, dans quelques jours, revenir au-devant de la scène judiciaire. Le dossier serait enrôlé à l’occasion de la session criminelle qui s’ouvrira le 25 octobre. Toutefois, le procès des présumés assassins du Rebelle ne figure pas dans la première liste des affaires inscrites par le tribunal criminel près la cour de justice de Tizi Ouzou.
Le programme de l’institution judiciaire reste toujours ouvert. Cela dit, le procès en question pourrait être ajouté à la liste additive, comme cela a été d’ailleurs le cas l’année dernière concernant le même dossier. « Il y a toujours possibilité de le programmer à la dernière minute étant donné que le rôle demeure ouvert. Mais jusqu’à présent, la partie civile n’a pas reçu de convocation », nous dira Me Salah Hannoun, avocat de Nadia Matoub, veuve du défunt Lounès, qui ajoute que « le président du tribunal criminel est en train d’auditionner les accusés et tous ceux qui sont cités comme témoins dans le cadre de l’enquête complémentaire. Il a également interrogé Nadia et ses deux sœurs ».
Par ailleurs, Me Kaci Rahem, avocat de l’autre partie civile, Malika Matoub et sa mère Aldjia, a estimé qu’il « n’ y a rien de nouveau dans le dossier. Le juge a entamé quelques procédures seulement. Le juge d’instruction a auditionné deux ou trois témoins depuis juillet 2008. On ne sait pas si le procès est programmé ou non, cette fois-ci, mais une chose est sûre, on n’a rien reçu du tribunal ».
Par ailleurs, rappelons que le procès des présumés assassins de Matoub Lounès devait avoir lieu le 9 juillet 2008, mais il a été renvoyé à une date ultérieure par le tribunal criminel qui avait demandé un complément d’enquête. Notons aussi que la sœur du défunt avait exigé la présence d’une cinquantaine de témoins, dont des responsables de partis politiques. Rappelons que Matoub a été ravi aux siens par les forces du mal, le 25 juin 1998, dans un guet-apens tendu par des criminels à Tala Bounan, sur la route de Beni Douala.
Deux accusés ont été interpellés. Il s’agit de Malik Madjnoun et Abdelhakim Chenoui, détenus à la maison d’arrêt de Tizi Ouzou depuis leur arrestation en septembre 1999. Les chefs d’inculpation retenus contre eux sont : appartenance à un groupe armé et homicide volontaire avec préméditation. Malika Matoub avait déclaré, il y a une année, dans un point de presse à Tizi Ouzou, que « depuis 1998, la procédure pénale avec laquelle est gérée le dossier était totalement bafouée ».
Selon elle, l’investigation préliminaire n’a pas été effectuée. C’est pour cela, sans doute, qu’elle avait estimé qu’il n’y a pas eu d’enquête préliminaire qui a déterminé que Madjnoun et Chenoui sont les auteurs ou les commanditaires de l’assassinat de son frère. Toutefois, elle avait précisé qu’un conseiller de l’ancien président de la République lui avait parlé de huit auteurs de l’assassinat de Matoub sans pour autant citer les noms Madjnoun et Chenoui. Enfin, notons que le principal accusé dans le procès en question, Malek Madjnoun, avait observé, en février dernier, une grève de la faim à l’intérieur de la maison d’arrêt de Tizi Ouzou pour exiger l’accélération de la procédure judiciaire.
Par Hafid Azzouzi