L’Algérie, qui est à la recherche de ressources extérieures pour financer son économie, saura-t-elle tirer bénéfice de cet accord?
La Banque africaine de développement vient de signer un accord de 3 milliards de dollars avec le Japon.
Cet accord, conclu dans le cadre d’une initiative nippone entamée en 2005, s’inscrit dans le cadre d’un programme d’assistance au secteur privé en Afrique et s’étalera sur les trois prochaines années (2017-2019). Lors de la cérémonie de conclusion de cet accord avec la BAD, le secrétaire d’État japonais aux Finances, Taku Otsuka, s’est réjoui «de continuer de collaborer étroitement avec la BAD, afin d’accélérer plus avant le développement du secteur privé africain, avec la réalisation d’infrastructures résilientes et de haute qualité et le renforcement des systèmes de santé». «L’élargissement de l’Initiative renforcée d’assistance au secteur privé de l’Afrique contribuera à accroître l’accès à l’électricité, stimulera l’industrialisation du continent et améliorera la qualité de vie de millions d’Africains. Ce sont là autant de composantes clés de nos cinq grandes priorités.
Nous sommes fiers de collaborer avec le Japon, l’un de nos partenaires stratégiques clés, dans cette entreprise», a fait savoir de son côté le président de la BAD, Donald Kaberuka, en précisant que les cinq priorités de l’institution qu’il manage sont: éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie; nourrir l’Afrique; industrialiser l’Afrique; intégrer l’Afrique et améliorer la qualité de vie des Africains.
L’Algérie, qui est membre actif de la BAD et un de ses bailleurs, n’en a jamais tiré profit. Dormant sur des réserves de changes, elle était jusque-là à l’abri du besoin. Mais, malmenée par la crise financière induite par la chute brutale des prix du pétrole, elle subit des tensions budgétaires immenses. Elle a donc fort à tirer du programme de la BAD, compte tenu des objectifs énoncés par cette institution dans le cadre de l’accord conclu avec le Japon. Même si le montant de l’accord reste modeste, comparé aux besoins du continent africain qui sont, comme l’a déclaré Traore Boubacar Sidiki, représentant de la BAD en Algérie, en décembre 2015 «de 90 milliards de dollars par an», s’inscrire dans cette dynamique de coopération avec le géant nippon est plus que nécessaire parce que, directement ou indirectement, il ouvre la porte à des possibilités de partenariats avec les opérateurs économiques de ce pays.
Et l’Algérie, dans la phase actuelle de transition dans laquelle elle se trouve en a vivement besoin.
Pour rappel, annoncée lors de la première Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (Ticad), la troisième phase de l’Epsa portera sur les infrastructures économiques (transport, énergie, etc.) et les infrastructures sociales (santé, éducation, nutrition). Epsa a été lancée en 2005, lors du Sommet G8 de Gleneagles.
Son périmètre a été étendu, afin d’y inclure des secteurs, tels que l’éducation et la santé, qui contribuent eux aussi au développement du secteur privé. Le Japon a fourni l’équivalent de 1 milliard de dollars en prêts concessionnels dans le cadre d’Epsa-1 (2005-2011), et fournira un total de 2 milliards de dollars dans le cadre d’Epsa-2 en cours (2012-2016). Jusque-là, cette initiative a joué un rôle clé dans le développement d’infrastructures à l’échelle régionale. Elle a contribué à un essor des opérations du secteur privé africain, dont le volume a quasi décuplé pendant la première phase d’Epsa, et presque doublé depuis le début d’Epsa-2.