Malgré les délais fixés, les promesses des ministres des Travaux publics successifs, il n’en demeure pas moins que les travaux de réhabilitation d’un petit tronçon au niveau de Bouira suscitent, de par leur rythme de réalisation, bien des questions. Cinq petits kilomètres qui trainent depuis deux ans avec le lot de désagréments que causent les travaux pour les usagers.
Si on devait se fier aux déclarations des différents responsables du secteur des travaux publics et à ceux de l’Agence nationale des autoroutes (ANA), le tronçon de l’autoroute Est-Ouest, reliant Bouira à Lakhdaria sur une distance de 33 kilomètres, serait achevé depuis longtemps.
Ces responsables, faute de pouvoir assumer leur rôle et encore moins demander des comptes aux entreprises en charge des travaux, passent leur temps à fixer des échéances peu crédibles, et quand elles ne sont pas respectées, ils rejettent la faute sur des “contraintes techniques”, lesquelles auraient dû être levées en… 2004.
Ainsi, et selon Mohamed Khalid, responsable technique à la direction générale de l’ANA, le tronçon Lakhdaria-Bouira et, plus précisément, les cinq kilomètres séparant El-Djebahia d’Aïn Chriki, devraient être livrés en décembre prochain. M. Khalid est alors soit très mal informé par ses subalternes, soit complètement “déconnecté” de la réalité du terrain.
Et pour cause, les travaux qui restent à réaliser uniquement pour la portion reliant El-Djebahia au tunnel d’Aïn Chriki ne sont pas une mince affaire. Près de cinq kilomètres de bitume (dans les deux sens) restent à décaper, des pieux de soutènement (1 200) restent également à mettre en place, et sans parler de la réhabilitation de la chaussée, laquelle est quasi impraticable à la sortie du tunnel d’Aïn Chriki et même au-delà. “Le tronçon de Lakhdaria connaît un très grave problème de glissement de terrain et nécessite des solutions très complexes, puisqu’il s’agira de réaliser 5 ponts enfouis”, avait prévenu l’ex-ministre des Travaux publics, Abdelkader Ouali, en octobre 2015. Le même ministre avait “prédit” que l’ensemble de l’autoroute Est-Ouest sera livré “au plus tard” en juin 2016.
Une “prédiction” qui s’est avérée fausse, puisque nous sommes quasiment en septembre et ce chantier n’est toujours pas achevé. D’ailleurs et ironie du sort, M. Ouali, qui est actuellement ministre des Ressources en eau et de l’Environnement, a été pris dans les embouteillages monstres causés par les travaux de mise à niveau, lors de son récent passage à Bouira. Actuellement, les travaux avancent timidement et les entreprises réalisatrices donnent l’impression d’appliquer à la lettre le dicton suisse : “Doucement le matin, pas trop vite le soir.” En effet, on est loin d’une cadence effrénée où le ballet des tractopelles et autres niveleuses est incessant. Preuve en est la réhabilitation de fameuse descente de Djebahia – laquelle devrait être entièrement refaite – n’a pas encore été entamée, et ce, à… quatre mois seulement du délai de livraison fixé par Mohamed Khalid.
Outre le retard manifeste des travaux, ce tronçon est particulièrement meurtrier.
En effet, sur près de 5 km, la route est complètement affaissée et “éventrée”, en certains endroits. Cet état de fait constitue un réel danger pour les usagers, notamment pour certains imprudents qui n’hésitent pas à appuyer sur l’accélérateur, à la sortie du tunnel.
Malheureusement, on ne compte plus les accidents de circulation, parfois mortels, qui se produisent sur ce tronçon. La combinaison fatale, entre le mauvais état de la route et l’inconscience de certains automobilistes, est à l’origine de nombreux drames.