Donald Trump a évoqué une éventuelle option militaire au Venezuela, où le président Nicolas Maduro, mis au ban de la communauté internationale, avait promis la veille de répondre « les armes à la main » à une agression américaine.
« Nous avons de nombreuses options pour le Venezuela, y compris une possible option militaire si nécessaire », a lancé vendredi le président américain, lors d’un échange avec des journalistes dans son golf de Bedminster, dans le New Jersey, où il est en vacances.
Appelé à donner des précisions sur cette annonce, qui intervient dans une période d’extrême tension avec la Corée du Nord, le président américain est resté évasif.
« Nous avons des troupes dans le monde entier qui sont parfois très loin. Le Venezuela n’est pas très éloigné et les gens souffrent et les gens meurent », a-t-il simplement ajouté, entouré du secrétaire d’Etat Rex Tillerson et de l’ambassadrice américaine à l’ONU Nikki Haley.
Interrogé sur cette annonce, le Pentagone s’est borné à indiquer, par la voix de son porte-parole Eric Pahon, qu’il n’avait « à ce stade » reçu aucune consigne sur ce dossier.
Le ministre vénézuélien de la Défense, Vladimir Padrino, a qualifié d’ »acte de folie » cette déclaration du président Trump.
En cas d’agression, « nous serons tous au premier rang pour défendre les intérêts et la souveraineté de notre Venezuela bien-aimé », a déclaré M. Padrino.
Washington et Caracas, qui n’ont plus d’ambassadeurs respectifs depuis 2010 mais dont les relations s’étaient quelque peu améliorées à la fin du mandat de Barack Obama, conservent des liens économiques et commerciaux étroits, avant tout dans l’industrie pétrolière.
Début août, les Etats-Unis ont infligé des sanctions au président vénézuélien qu’ils ont qualifié de « dictateur ».
La réaction de Washington est survenue au lendemain de l’élection controversée de l’Assemblée constituante voulue par le président socialiste, un scrutin marqué par des violences qui ont fait dix morts.
Rejetée par l’opposition et des pays occidentaux, cette assemblée l’a confirmé à l’unanimité dans ses fonctions de « président constitutionnel de la république bolivarienne du Venezuela ».
Il est extrêmement rare que le gouvernement américain prenne des sanctions contre un chef d’Etat étranger en exercice. M. Maduro est seulement le quatrième à être ainsi sanctionné par Washington, rejoignant un groupe composé du président syrien Bachar al-Assad, du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un et du président zimbabwéen Robert Mugabe.
« Régime inacceptable »
Une nouvelle série de sanctions américaines ont par ailleurs été adoptées cette semaine à l’encontre de huit responsables vénézuéliens impliqués dans la mise en place d’une Assemblée constituante jugée « illégitime ».
« Ce régime est inacceptable et les Etats-Unis se tiendront au côté de l’opposition (qui se bat) contre la tyrannie jusqu’à ce que le Venezuela restaure une démocratie prospère et pacifique », a lancé à cette occasion le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin.
Jeudi, M. Maduro a dit souhaiter « une conversation » avec son homologue américain. « S’il est autant intéressé par le Venezuela, je suis là, je suis le chef de ce qui l’intéresse », a-t-il affirmé lors d’un discours devant l’Assemblée constituante.
M. Maduro souhaite que cette discussion ait lieu par téléphone ou qu’elle se tienne à New York à l’occasion de l’assemblée générale des Nations unies à la mi-septembre.
La Maison Blanche a révélé que M. Maduro avait effectivement sollicité une conversation avec M. Trump vendredi, mais a implicitement indiqué que sa demande n’avait pas été acceptée.
« Les Etats-Unis se tiennent avec le peuple du Venezuela face à la répression permanente exercée par le régime Maduro. Le président Trump parlera volontiers avec le dirigeant du Venezuela dès que la démocratie sera restaurée dans ce pays », a déclaré la Maison Blanche dans un communiqué.
Tout en disant souhaiter avoir des relations « normales » avec les Etats-Unis, M. Maduro a averti jeudi M. Trump que son pays répondrait « les armes à la main » à une éventuelle agression et « ne se rendra jamais ».
Il intervenait devant les 545 membres de la nouvelle assemblée chargée notamment de réécrire la Constitution de 1999. Elle régira le pays durant au moins deux ans, le mandat du président s’achevant en janvier 2019.
Les manifestations contre M. Maduro ont fait plus de 125 morts depuis début avril dans un contexte de grave crise économique et institutionnelle.
Le ministre de la Défense Vladimir Padrino a annoncé vendredi que les chefs d’une attaque menée le 6 août contre une base militaire du nord du Venezuela avaient été capturés par les forces de sécurité. Ces deux hommes, un capitaine chassé de l’armée en 2014 et un lieutenant, recevront « un châtiment exemplaire », a promis le ministre.
La base avait été attaquée par une vingtaine d’hommes. Deux avaient été abattus et huit capturés.