Après un break forcé de deux ans pour cause de crise sanitaire, tout le monde s’attendait, après l’annonce de la réouverture des frontières, à ce que les touristes algériens se ruent vers la Tunisie. Cependant, d’après les échos qui nous parviennent d’Oum Teboul, l’activité au poste frontalier est… ordinaire. Le fameux « grand rush » n’a pas donc eu lieu.
Pourtant, les autorités tunisiennes ont déployé tous leurs atours pour séduire les touristes algériens. Dans un premier temps, le ministre de l’Intérieur tunisien, Taoufik Charfeddine, a décidé d’exonérer les Algériens du sabot et de la fourrière. Le vendredi 15 juillet, le ministère tunisien du Tourisme s’est personnellement déplacé au poste frontalier de Melloula pour accueillir les premiers touristes algériens.
Quelles raisons se cachent donc derrière de ce lancement « avorté » ? Peut-on s’attendre à une prochaine reprise ? Analyse…
Pourquoi les touristes algériens n’affluent-ils pas (encore) vers la Tunisie ?
Les raisons qui expliquent le pourquoi de la réaction timide des Algériens à l’annonce de la réouverture des frontières avec la Tunisie sont multiples. Mais une d’entre elles revient plus souvent que les autres : la hausse des prix tous azimuts en Tunisie et la baisse du pouvoir d’achat des Algériens.
Augmentation des tarifs inflation et pouvoir d’achat
Flairant l’aubaine, les opérateurs tunisiens ont, dès l’annonce de la réouverture des frontières, augmenté leurs tarifs de réservation de 30 % à 40 %. Cela a refroidi les touristes algériens qui choisissaient de passer leurs vacances en Tunisie en raison justement des prix abordables de ses hôtels. Avec ces nouveaux tarifs, les vacanciers algériens trouvent qu’il est plus avantageux de voyager en Turquie. D’autres familles ont opté pour le tourisme local, notamment : à Mostaganem, El Kala et Aïn Témouchent.
À l’augmentation des tarifs de réservation, s’ajoute l’inflation qui frappe la Tunisie de plein fouet. Ainsi, lors des derniers mois, les prix des produits de large consommation ont presque doublé. Une situation qui pénalise surtout les familles algériennes qui, au lieu de se rendre dans les hôtels, préfèrent louer chez les habitants locaux des villes balnéaires de Nabeul, Hammamet et Sousse, entre autres.
En outre, parallèlement au coût des vacances en Tunisie qui a sensiblement augmenté, le pouvoir d’achat des Algériens n’atteint pas des sommets non plus. En effet, la dévaluation du dinar face aux devises étrangères et l’inflation galopante ont beaucoup impacté le niveau de vie des Algériens ; en particulier celui de la classe moyenne qui constitue l’essentiel des touristes algériens en Tunisie.
| A (RE)LIRE : Voyage Tunisie été 2022 : les prix des hôtels flambent déjà
Résultats du BAC et pass sanitaire
D’autres gérants d’agences de voyages trouvent des explications plus naturelles à ce « flop ». Selon eux, l’afflue timide des touristes algériens vers la Tunisie en ce mois de juillet est due à l’attente des résultats du BAC (publiés le samedi 16 juillet, NDLR). Sachant que plus 700 000 élèves ont passé l’examen, il serait inconcevable pour les familles de ses candidats de partir en vacances sans que leur enfant ne soit fixé sur son sort. Les tours operators spéculent ainsi sur une « grande ruée » des vacanciers à partir de fin juillet.
L’autre problème majeur qui freine le démarrage de cette saison touristique est celui des mesures sanitaires strictes appliquées aux frontières des deux pays. Ainsi, pour entrer en Tunisie, il faut obligatoirement présenter, soit un pass sanitaire avec deux doses (un pour le Johnson), soit un test antigénique négatif de moins de 24 heures, soir un test PCR négatif de moins de 48 heures. Sachant que le test PCR coûte en Tunisie 170 DT (12 000 DA).
Selon des témoignages parvenus du poste frontalier d’Oum Teboul, la police tunisienne a déjà procédé au refoulement de plusieurs personnes pour défaut de pass sanitaire.