Aziz Krichen, conseiller politique du président tunisien Moncef Marzouki, a fait un “show” sur une chaîne de télévision privée. Sa démission présentée, il y a un mois environ, a été acceptée quelques heures plus tôt par le chef de l’Etat.
Il n’a pas attendu longtemps pour dénigrer son patron qu’il dit, malgré tout, beaucoup aimer et pour laver le linge sale du palais de Carthage en public. M. Marzouki a fait beaucoup de tort à la Tunisie et à sa propre personne, a dit M. Krichen ajoutant que sa décision de quitter son poste à Carthage était prise depuis, au moins, l’été dernier suite à l’assassinat du député Brahmi (gauche), assassinat “qui a failli plonger le pays dans une guerre civile” qui aurait mis fin au rêve d’un Etat démocratique, en raison de l’entêtement d’une partie de la troïka au pouvoir et d’une bonne frange de l’opposition.
Durant l’année 2012, première année de son mandat, le locataire du palais de Carthage, sans sa décision de rompre avec le régime syrien, aura fait un parcours presque sans faute. C’est l’année suivante qui a vu le bateau du chef de l’Etat chavirer en cherchant alliance avec la troïka conduite par l’un des partis fort du pays, à savoir Ennahdha alors qu’avec la naissance de Nida Tounes de Béji Caïd Essebsi, la donne a, totalement, changé et la Tunisie allait vivre une période “salvatrice”. Selon M. Krichen, le chef de l’Etat aurait dû rester au-dessus de la mêlée pour bien conduire le pays au cours de la période transitoire.
Cette attitude est expliquée par M. Krichen par l’ambition du président de briguer un nouveau mandat. C’était, au fait, un calcul partisan qui ne sied pas à la fonction de président de la République, fonction qui impose à celui qui l’occupe d’être un fédérateur. En fait, la situation à la présidence de la République ne faisait que se détériorer de jour en jour. Le président Marzouki s’est, ainsi, rangé du côté de son propre parti qui rejetait la solution politique, tout comme une bonne partie de la direction du parti islamiste. Et, a encore dit M. Krichen, sans Rached Ghannouchi (dont il ne partage pas l’idéologie), qui a banni la violence, le pays aurait connu un drame.
Avec le gouvernement de technocrates de Mehdi Jomaâ, les relations de la présidence ne sont pas au beau fixe, en raison du comportement de certains conseillers qui aiguillent le chef de l’Etat sur une pente dangereuse alors que tous les partis se sont engagés à appuyer ce gouvernement pour qu’il puisse mener le pays, d’ici, la fin de l’année, vers les élections, c’est-à-dire la stabilité. En définitive, résume M. Krichen, le chef de l’Etat, obnubilé par l’idée de prolonger son bail avec le palais de Carthage, a peur d’être marginalisé alors qu’en tant que président, il est appelé à bien diriger le pays sans se concentrer sur la prochaine élection présidentielle.
C’est pour ces raisons et bien d’autres comme le fait d’être ignoré, qu’il a été amené à quitter son poste et son ami, le président, a dit M. Krichen.
M. K.