Le parti islamiste Ennahda s’est engagé à démissionner pour résoudre la crise politique que subit le pays depuis deux mois…
C’est un premier pas vers la fin de la crise politique: samedi, le parti islamiste tunisien Ennahda s’est engagé à céder la place à un gouvernement d’indépendants de la coalition gouvernementale d’ici à la fin du mois d’octobre. A la condition, toutefois, que tous les partis arrivent à nommer un premier ministre avant la fin de la semaine et que celui-ci parvienne à former un cabinet dans les deux semaines suivantes.
«Anguille sous roche et double langage»
Au sein d’Ennahda, certains ont tout de suite précisé que «La date de la démission du gouvernement ne va être déterminée qu’à partir du début réel du dialogue national», a précisé à l’AFP un des dirigeants du parti islamiste. La date à laquelle ce dialogue débutera n’a pas encore été fixée et toutes les réunions prévues à partir de lundi ne sont que des «séances préliminaires». Ce qui fait craindre aux opposants à Ennahda un «double langage» de la part du parti islamiste: «Avec Ennahda c’est toujours anguille sous roche et double langage. On les entend dire une chose puis démentir», note Selim Ben Abdesselem, député du parti Nidaa Tounes.
Sans compter que les sources de blocage des négociations peuvent être nombreuses: l’identité du Premier ministre et de ses ministres, les prérogatives du futur gouvernement, le contenu de la future Constitution qui sera négociée en parallèle, les dates des prochaines élections… «Le nouveau chef du gouvernement ne doit pas avoir le couteau sous la gorge (…) ses prérogatives sont en jeu, il doit pouvoir nommer et limoger les hauts fonctionnaires, les gouverneurs, les responsables des logements sociaux etc.», insiste le député, qui estime que les islamistes ont «mis la main sur l’appareil d’Etat» en plaçant des fidèles à des postes stratégiques.
«On n’est jamais à l’abri d’une mauvaise surprise»
Mais certains observateurs de la vie politique tunisienne estiment que le parti islamiste a fait un grand pas en avant en signifiant son désir de trouver une issue à la crise politique actuelle et de doter le pays d’institutions stables. La presse soulignait dimanche que le succès de la passation de pouvoir à un gouvernement d’indépendants ne repose pas uniquement sur les islamistes mais l’ensemble de la classe politique: «Avec la classe politique tunisienne, on n’est jamais à l’abri d’une mauvaise surprise, d’une déception. C’est qu’elle nous a habitué à rater les grands évènements et les opportunités de compromis», écrit le journal Le Temps.
Le parti islamiste Ennahda, vainqueur des premières élections libres de Tunisieen octobre 2011, a été fragilisé par des tiraillements politiques, des conflits sociaux, des batailles parlementaires, l’essor d’une mouvance islamiste armée et une crise économique rampante. Ennahda avait également été montré du doigt après l’assassinat du député de gauche Mohamed Brahmi, le 25 juillet dernier, devant son domicile à Tunis.