Le tourisme tunisien est appelé à faire sa mue. Le changement, espèrent les autorités tunisiennes, intègre bien sûr sa relation avec l’Algérie.
Lors d’une rencontre avec des journalistes algériens à Tunis, la semaine écoulée, Afif Maherzi, directeur général adjoint à l’Office national du tourisme tunisien (ONTT) a esquissé les grands traits de la nouvelle politique touristique de son pays.
Dans son volet relatif à la promotion du tourisme tunisien auprès des Algériens et vice-versa, Afif Maherzi a surtout interpellé les professionnels de notre pays avec lesquels il s’est dit prêt à dialoguer à l’effet d’engager un «partenariat stratégique». De son point de vue, il verrait mal un partenariat avec les institutions. Avis donc aux opérateurs algériens. Au-delà des effets de conjoncture, liée aux conséquences qui ont découlé de la violence révolutionnaire qui a fait diminuer l’afflux des touristes européens, l’après-Ben Ali devrait imposer des révisions déchirantes dans le domaine du tourisme, domaine, s’il en est, où la Tunisie a tant investi jusqu’à en faire le secteur clé de son économie. «La volonté politique existe pour lever tous les obstacles qui se dressent contre le partenariat algéro-tunisien dans le secteur du tourisme y compris dans l’investissement» a assuré le DG de l’ONTT.
Le gouvernement tunisien, a-t-il indiqué, «souhaite voir les Algériens émettre leurs avis sur nos produits afin que nous puissions connaître nos insuffisances parce que nous sommes en phase de mutation». Et de regretter certainement pensant à la thalasso «on ne connaît rien sur les retraités algériens, quels sont leurs capacités financières, leurs besoins et leurs préoccupations». Tourisme d’affaires, culturel, de soins, de jeunesse, de conférences, de marchés, thalasso, les Tunisiens se disent disposer à revoir tout. Les tarifs, la sécurité, les conditions d’accueil, les facilitations financières, etc. Sur la question des tarifs appliqués aux touristes algériens, le même responsable devait expliquer «que plus le marché devient important plus les tarifs diminuent, les opérateurs tunisiens ne verront aucun inconvénient à baisser les prix lorsqu’ils verront qu’ils ont plus de clients» et d’ajouter «d’ailleurs actuellement les tarifs appliqués sont des tarifs de gros et non de détail». La Tunisie, qui ambitionne de devenir une puissance financière régionale, a sur ses tablettes la convertibilité du dinar tunisien à l’horizon 2014. Le marché algérien en sera le premier bénéficiaire, explique-t-on.
Ben Ali était contre le tourisme nocturne
Lors de sa discussion avec les journalistes, Afif Maherzi a révélé que le président déchu, Zine el-Abidine Ben Ali, était opposé à l’animation nocturne dans l’ensemble du territoire tunisien. Faouzi Basli représentant de l’ONTT en Algérie nous confiera qu’«à travers cette mesure Ben Ali voulait empêcher les Tunisiens de devenir des citoyens libres». Le tourisme post-Ben Ali, explique-t-on, va s’attacher ainsi à réhabiliter l’animation nocturne. Mais pas seulement. Il doit aussi démanteler les jonctions contre-nature entre les pouvoirs d’argent et les investisseurs touristiques qui ont longtemps gravité autour de la famille présidentielle (Ben Ali-Trabelsi). Celle-ci, relèvent certains observateurs, a fait main basse sur la région du littoral, et a empêché une distribution équitable du foncier et a exclu les régions de l’intérieur du pays de bénéficier de projets à même de leur assurer un développement durable.
Tunisie Larbi Graïne